Hibou n'est pas un bon film, je ne serais ni la première ni la dernière personne à le dire. Si l'ambiance de la Cinéxpérience m'ayant permit de le voir en salle s'avérait bon enfant et sur le ton de la rigolade avec un Ramzy tout en nonchalance, le résultat en fin de projection fut sans appel : loin d'atteindre des niveaux de subtilité mirobolante, Hibou détient quelques bonnes idées qu'il ne parvient jamais à rendre pertinentes. C'est un beau gâchis. On pouvait en attendre davantage d'un projet ayant mûri pendant quatre ans.
Hibou c'est l'histoire de Rocky, un type somme toute lambda avec un job merdique et une petite vie pas folichonne. On ne le voit jamais le Rocky. Il a beau être grand, personne ne fait attention à lui. Il est là sans être là, la société ne faisant aucun effort pour l'intégrer à son groupe de parole. On a tous vécu ça, on a tous vécu cette sensation de ne pas intéresser son monde, que ce qu'on dit tombe dans l'oreille d'un sourd, qu'il faut toujours paraître incroyable pour briller un temps soit peu devant les autres sans pour autant y parvenir. Le postulat de base n'est vraiment pas mauvais, malheureusement, il a fallu rendre ça lourdingue.
Par une rencontre inopinée avec un Grand-duc dans son salon, Rocky en vient à se dire que sa situation doit changer. Il doit gagner en assurance pour exister...mais pour qui ? Pour lui même me direz-vous ? Il y a de cela bien évidemment, seulement le reste des protagonistes auxquels Rocky est inévitablement comparé ne sont pas bien intéressants. Ils sont plats et sans personnalités propres, c'est à peine si on esquisse leurs rôles. Le reste du casting n'échappe pas non plus à un certain amateurisme d'écriture. La plupart des situations les mettant en scène ne sont en général qu'un prétexte pour faire une petite vanne ou une situation cocasse, se prenant les pieds dans le tapis au passage et dégringolant avec la lourdeur d'une armée d'obèses.
Notre héros souhaite donc être remarqué. Qu'à cela ne tienne, il en vient à porter ce costume volumineux de Hibou, enveloppe inspirée du Grand-duc qui loge chez lui. Si la métaphore du costume que tout un chacun est amené à porter pour se sentir autre, pour avoir l'illusion d'être meilleur, est bonne, tout prend des proportions d'une maladresse incroyable. Idem pour la rencontre entre le Hibou et le Panda ; l'idée n'est pas mauvaise, elle permet d'ailleurs à Rocky de s'affirmer et d'exister pour lui, néanmoins elle demeure plate. Il n'y a presque pas d'émotions transmises, tout est gâché par une petite blague mal placée ou un jeu d'acteur frisant la gaminerie. S'il nous est tous arrivé de ne pas nous sentir écouté, nous n'étions pour autant pas semblable à cette caricature un poil grotesque.
Pour ce qui est du fond, nous n'allons donc pas très loin, nous pataugeons tout au plus dans le concept premier du film ; le déguisement, le regard, l'assurance. La forme, elle, n'a rien d'exceptionnel non plus, tout est assez impersonnel outre deux-trois idées de réalisation. L'ambiance légère d'Hibou apporte un petit quelque chose que certains pourront trouver charmant, éventuellement poétique. N'allant certainement pas jusque là, il me semble que tout n'est pas à jeter ici. L'exécution du film n'est pas bonne, elle ne l'est d'ailleurs presque jamais, pour autant voir Hibou c'est la certitude de ne pas avoir plus que ce que l'on peut imaginer autour de l’œuvre. Bilan médiocre en somme mais pas horrible, j'ai souri à plusieurs moments même si l'ennui me gagnait peu à peu. Je n'ai juste pas compris l'intention finale du film. Un beau gâchis nous disions...