Quoi,les américains ont fait un film sur la mairie de Paris?Et on ne nous a pas prévenu?Ah non,un télex vient de tomber sur le minitel et nous informe que le personnage principal s'appelle bien Hidalgo mais que c'est un cheval et pas un Anne,nous voilà rassurés.Nous sommes donc aux USA,à la fin du 19e Siècle.Frank Hopkins,aventurier dur à cuire né d'une indienne et d'un blanc,a gagné plein de courses longues distances à cheval avec son mustang Hidalgo mais là il est un peu usé et exécute entre deux bitures des numéros de cow-boys dans le cirque itinérant de Buffalo Bill.Mis au défi par le sheikh Riyadh d'affronter avec sa monture les purs-sangs arabes lors d'une traditionnelle course annuelle de 5000 km à travers le désert d'Arabie,il s'aligne au départ de la compétition.Joe Johnston s'est planté avec cette histoire se situant quelque part entre "Lawrence d'Arabie",référence renforcée par la présence à l'affiche d'Omar Sharif,et "La chevauchée sauvage".Un échec pas immérité bien que beaucoup de moyens aient été déployés pour cette production Touchstone,la filiale live de Disney.Grosse direction artistique donc avec une photo léchée de Shelly Johnson qui donne des plans à tomber,notamment des couchers de soleil de toutes les couleurs,des décors magnifiques de Barry Robison,principalement trouvés dans le désert marocain,avec des paysages de dunes ou des citadelles abandonnées,des costumes traditionnels dégotés par Jeffrey Kurland et une musique parfois trop tonitruante de James Newton Howard.Par contre les effets spéciaux,pourtant signés ILM,ne sont guère convaincants,à commencer par les morceaux de bravoure qu'étaient censés être la tempête de sable et la nuée de sauterelles,qui ressemblent juste à du numérique.Le montage a été confié à Robert Dalva,spécialiste de la cavalerie puisqu'il avait tenu ce poste sur "L'étalon noir" avant d'effectuer son unique réalisation sur la suite,"Le retour de l'étalon noir".Ce qui pêche surtout est le scénario abracadabrant de John Fusco.Certes,il fallait inventer des développements annexes parce que voir des canassons galoper dans le sable,ça va bien cinq minutes.Mais en l'occurrence les évènements introduits dans l'intrigue donnent dans le carnavalesque et virent vite au western débile transposé en terre d'Islam.La description des musulmans,de leur mentalité et de leurs moeurs est des plus folklorique et désobligeante car,derrière leurs rigoureux principes affirmés,les mecs sont des hypocrites de première,secrètement fascinés de surcroît par la si attirante culture yankee.D'ailleurs la course est une longue suite de trahisons et d'arnaques,chacun ne pensant qu'à l'emporter,fût-ce au prix des pires coups fourrés.Le film se perd en outre dans le bon vieux moralisme progressiste américain.Après avoir vertement stigmatisé,à juste titre,le massacre des peaux-rouges et la manière dont on a traité les survivants,on s'en va expliquer la vie aux arabes.Du coup,détruire la civilisation indienne pour imposer la société anglo-saxonne,c'était mal,mais combattre en Arabie les traditions séculaires locales,c'est bien,la preuve par l'absurde de la schizophrénie droit-de-l'hommiste qui cache derrière les bons sentiments un impérialisme américain insatiable.Hopkins le demi-sioux s'offusque grandement des us et coutume de ses hôtes et vilipende volontiers le port du voile,la place inférieure de la femme musulmane,la décapitation des traîtres,le commerce de l'esclavage et tente autant que possible de contrarier l'ordre des choses tout en essayant de gagner ce foutu jumping,quel homme!Il faut avouer aussi que le type est un sacré veinard car dès qu'il est en difficulté quelque chose ou quelqu'un vient le sauver in extremis,ce qui finit par ressembler à un gag récurrent.Tout ce catéchisme porte ses fruits car le mec est une sorte de Christ qui n'hésite pas à secourir ses adversaires qui l'ont pourtant honteusement méprisé et trahi.Il parait que le gars a vraiment existé mais ce qui est raconté là est manifestement hautement fictionnel.La symbiose entre l'homme et son cheval est toutefois très réussie,et même souvent émouvante,le respect et l'amitié entre ces deux êtres étant rendue de manière palpable.Il faut préciser que le mustang est de toute beauté et se révèle être un acteur fantastique,alors que Viggo Mortensen fait preuve de son fracassant charisme habituel en cavalier rusé et imperturbable.Le reste de la distribution tape dans le moyennasse mais il y a cependant Omar Sharif,délicieux en prince du désert,notre Saïd Taghmaoui national,solide en concurrent déloyal,J.K. Simmons,amusant en Buffalo Bill,plus des passages furtifs de Malcolm McDowell et C. Thomas Howell.