[Petite production danoise à l'intrigue simple mais extrêmement bien menée, Hijacking est une oeuvre troublante de réalisme, prenante, intense et sublimée par une volonté de n'y ajouter aucune fioriture.]

Epurée et sobre, ce film danois estune oeuvre brute (dans tous les sens du terme). Que ce soit dans le thème, le propos, la réalisation, la photographie ou encore le jeu des acteurs...tout dans Hijacking est fait pour nous heurter.

Le récit d'une prise d'otage d'un navire marchant danois par des pirates somaliens aurait pu assez facilement être du n'importequoi d'un point de vue narratif, or dans le cas de Hijacking, le thème est traité avec intelligence et réalisme.
La tension s'empare très rapidement du spectateur qui est alors aussi impliqué dans l'histoire que ne le sont Mikkel, Ian ou encore Peter.

Les personnages, attachants, déroutants ou angoissants, participent largement à la qualité du film : Mikkel, sympathique cuisinier, époux et père de famille, confiné à fond de cales, Peter, le chef d'entreprise qui fait de son mieux pour venir en aide à ses employés, ou encore Omar, le traducteur, qui l'espace de quelques scènes nous fait douter, nous intrigue.

L'ingéniosité du film réside de fait dans l'ambiguité dont il fait preuve tout du long. Et de cette ambiguité naît et croît alors la tension :

- Peter et son collègue anglais : font-ils réellement leur maximum pour venir en aide aux marins ? Pourquoi ne pas payer la somme demandée ? La payer instantanément aurait-il changer le cours des choses ?

- Omar : est-il réellement un homme de confiance ? Pourquoi ne tente-t-il pas d'intercéder auprès des pirates ?

- Les pirates : Que veulent-ils vraiment en fin de compte ?

Le spectateur se retrouve plongé dans l'incertitude et la peur, à l'instar de Mikkel. Sentiments exacerbés par l'incompréhension : le fait de ne pas avoir traduit ce que disent les somaliens renforce les sentiments d'insécurité et de tension.

Finalement, le spectateur est tout aussi pris en otage que les personnages. Captivé (à défaut lui, d'être capturé), incertain, angoissé, il attend le dénouement en espérant revoir la lumière du jour le coeur léger et l'esprit en paix.

Cette histoire finit-elle bien ou mal ? ... Là encore, l'incertitude est de mise.
Heavy
8
Écrit par

Créée

le 28 juil. 2013

Critique lue 284 fois

Heavy

Écrit par

Critique lue 284 fois

D'autres avis sur Hijacking

Hijacking
Strangelove
8

Lindholm rentre dans la Famille.

Vous connaissiez Refn, Von Trier ou autre Vinterberg ? En voici un nouveau, Tobias Lindholm, que les fans de Vinterberg connaissent probablement puisqu'il a, entre autre, écrit La Chasse et...

le 30 juil. 2013

24 j'aime

8

Hijacking
Kobayashhi
8

Critique de Hijacking par Ludovic Stoecklin

Hijaking c'était la lueur d'espoir dans cet univers de brutes et de blockbusters qui nous a envahi cet été jusqu'à créer une véritable overdose de surenchère d'action. Alors quand un thriller Danois...

le 7 août 2013

21 j'aime

1

Hijacking
Vincent-Ruozzi
8

Piège en haute mer

Connu pour avoir écrit le scénario de la série politique Borgen, puis pour avoir travaillé avec Thomas Vinterberg sur les scénarios de Submarino et La Chasse, Tobias Lindholm réalise ici son deuxième...

le 24 sept. 2016

18 j'aime

2

Du même critique

Sleepy Hollow - La Légende du cavalier sans tête
Heavy
8

Critique de Sleepy Hollow - La Légende du cavalier sans tête par Heavy

Quand Tim Burton décide de redonner vie à la légende du Cavalier Sans Tête, ça décape(-ite) ! Lorsque le génie burtonien rencontre l’horreur de ce fameux mythe, le résultat est fantastique (et ce,...

le 2 janv. 2013

2 j'aime

Gatsby le magnifique
Heavy
6

The Great DiCaprio !

Gatsby, le Magnifique…déjà rien que dans le titre traduit, ça pêche. Passer de The Great Gatsby à Gatsby, Le Magnifique, c’est déjà presqu’un crime en soi. Pourquoi ? Le titre original anglais...

le 31 mai 2013

1 j'aime

Django Unchained
Heavy
8

"I like the way you die, boy"

Django Unchained ou comment faire d’un film une œuvre subversive, intelligemment mise en scène, parfaitement maitrisée et étonnamment sensible. Toute la beauté de cette œuvre réside dans ce parfait...

le 23 janv. 2013

1 j'aime