Hijacking est un film danois réalisé par Tobias Lindholm. Je n’avais remarqué sa sortie dans les salles françaises le dix juillet dernier. C’est le fait de le voir rester à l’affiche semaine après semaine qui m’a incité à m’y intéresser davantage. Les critiques qu’elles viennent de la part des professionnels ou des spectateurs lambda étaient élogieuses. La bande-annonce était bien construite et éveillait ma curiosité. C’est dans ces conditions que j’ai décidé découvrir cet opus d’une heure et demie dont je ne connaissais jusqu’alors ni le réalisateur ni un seul acteur.
L’histoire nous plonge dans le quotidien du Roven, navire commercial danois. Mikken en est le cuisinier et annonce à sa femme que son retour au pays aura deux jours de retard. Mais la situation va s’avérer plus critique. Le bateau est pris en otage par des pirates somaliens au milieu de l’Océan Indien. Une négociation s’instaure entre les ravisseurs et l’entreprise propriétaire de l’embarcation. Le président de cette dernière refuse de laisser sa place à des spécialistes et décide d’être en première ligne de la négociation. La situation est tendue est oppressante que ce soit sur le cargo ou dans les bureaux de la compagnie…
Le film se construit sur une intrigue claire et simple. Il s’agit de suivre une négociation lors d’une prise d’otage. D’ailleurs l’histoire nous fait vivre quelques moments stressants qui ne raviront pas nécessairement tous les spectateurs. L’angoisse de l’attente transpire de chaque scène. En tant que spectateur, je passe mon temps à m’interroger sur le devenir des uns et des autres. Il ne faut par contre pas s’attendre à un grand spectacle à l’américaine. Le seul contact entre pirate et négociateur est téléphonique. Cela empêche le côté « cowboy » qu’exploitent souvent les blockbusters US dans les films de prise d’otage. Je ne porte pas ici un jugement de valeur, loin s’en faut. J’indique juste que l’angle d’approche et l’ambiance diffèrent de celles qu’on peut connaitre habituellement.
Le scénario laisse une place équivalente aux deux côtés de la négociation. Le spectateur partage aussi bien le quotidien de Mikken et ses collègues prisonniers sur le Rover que celui du président de l’entreprise et ses acolytes. Ce double point de vue permet de densifier le propos. Les seuls protagonistes en retrait sont finalement les pirates qui occupent une place secondaire à l’écran bien qu’elle soit fondamentale dans l’intrigue. La narration décrit avec subtilité les enjeux propres à chaque côté du téléphone. Aucune scène n’est anecdotique. Chacune amène son éco à l’avancée et à la profondeur de la trame.
La réalisation ne multiplie pas les grands effets. Au contraire, tout cela est plutôt épuré. Les scènes ont mer sont filmés souvent avec une caméra l’épaule. Je ne suis pas un fan traditionnel du genre. Ici, cela se justifie pleinement. En effet, cela traduit parfaitement le fait d’être sur un cargo et donc par nature instable. A tout moment, j’ai ressenti l’impression d’être perdu au milieu de l’Océan Indien dans une cabine étriquée au côté de ses marins prisonniers. A l’opposé, les scènes se déroulant au Danemark sont filmées avec une caméra plus fixe. L’atmosphère n’est pas la même. La tension est différente. Le groupe des négociateurs se doit de garder la tête froide et mettre au mieux les sentiments de côté. Le président et ses collaborateurs cherchent à cacher leurs émotions pendant que Mikkel et ses collègues ne cherchent qu’à pouvoir les exprimer.
Mon but n’est pas de vous dévoiler toutes les étapes et tous les rebondissements qui accompagnent ce long dialogue entre pirates et négociateurs. Néanmoins, je me dois de vous dire que le réalisateur et le scénarise arrivent à nous offrir une succession d’événements intenses émotionnellement. Que ce soit les moments de doute et de peur sur le navire, le sentiment d’impuissance dans les bureaux ou la situation éprouvante des familles, rien n’est négligé. Tout est évoqué de manière fine en ne tombant dans aucun excès. Cela fait que notre attrait de spectateur ne cesse de grimper en intensité au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire. L’apparition du générique de fin marque d’ailleurs une vraie rupture émotionnelle.
Pour conclure, je peux vous affirmer que je n’ai pas regretté d’être parti à la découverte de Hijacking. Ce film possède une identité propre qui vaut le coup d’être rencontrée. Je ne peux que vous inciter à vous dépêcher de trouver une salle qui projette encore cet opus. Si vous n’en trouvez pas, guettez un passage à la télévision. Je pense que vous ne regretterez pas votre soirée…
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