His House
6.2
His House

Film de Remi Weekes (2020)

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S'effrayer pour penser. Penser pour s'effrayer.

His House se démarque des productions de genre qu'on a l'habitude de voir sur la plateforme. Et en cela, il vaut le coup d'oeil. Ce qui pêche et le banalise par moment, c'est sa fâcheuse tendance à user des codes classiques de film d'horreur, alors qu'en soit, il aurait pu clairement en faire l'impasse. Porteur d'un message politique fort, on sent que Remi Weeks, dont c'est le premier film, suit les pas du fameux Jordan Peele. His House relate le parcours d'un couple de Soudanais qui a dû quitter, non sans risque, son pays ravagé par les conflits, pour la Grande-Bretagne. Une fois arrivés, on leur accorde le statut de réfugiés temporaires et on les loge dans une maison insalubre fournie par l'Etat. Interdit de travailler et d'aménager les lieux, ils doivent aussi se contenter d'une maigre pension tout en se pliant aux contrôles hebdomadaires pour juger de leur capacité à s'intégrer à la société britannique. Difficile de ne pas percevoir la fibre politique et sociale dans laquelle s'inscrit cette histoire de maison hantée. La lueur d'espoir qui brille dans leurs regards va vite laisser place à la peur, car progressivement, des créatures font leur apparition dans l'obscurité. En mettant en parallèle une réalité difficile et le genre horrifique, le réalisateur pose la question d'un système qui broie les rêves de personnes dont le seul tort est d'être née dans un pays en proie à la misère et à la guerre. Elle met aussi sur la table les thèmes de l'identité, des valeurs, du racisme et de l'intégration, ainsi que du poids de notre passé, de nos regrets, de nos drames et de nos morts sur notre être. Je ne pensais pas être autant "en réflexion" face à cette métaphore que j'ai trouvé intelligente et émouvante dans son final. Dommage que la forme ne soit pas si envoutante : les effets sont souvent convenus et le rythme est en dents de scie... On sent que ça aurait pu aller beaucoup plus loin avec un peu plus de maitrise ! Mais il y a un côté sale et abrupt dans la mise en scène qui lui donne une saveur singulière. Le duo d'acteur, Wunmi Mosaku et Sope Dirisu, incarne intensément ces personnages et mettent admirablement en lumière la lutte que mènent chaque jour des millions de femmes et d’hommes soumis à la sauvagerie de la guerre.

alsacienparisien
7

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Créée

le 11 nov. 2020

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