Wooow wooooowww ! On se calme hein ! Je vous vois venir encore une fois dès les premières secondes m'sieur Ching Siu-tung ! Sachez que vous n'm'impressionnez pas, vous et votre acolyte fidèle à vos côté, cet autre timbré de Tsui Hark ! On vous flaire immédiatement avec vos jeux de lumières léchées, votre inventivité improbable et votre mise en scène turbulente ! Que nenni, ça n'marchera pas une nouvelle fois, nan nan n...niiiiaaaargh... C'est trop bon putain !
Ça faisait des années que je voulais découvrir cette trilogie si renommée et maintes fois recommandée, mais je n'avais pas encore fait la démarche nécessaire pour avoir ne serait-ce que le plus simple des soupçons de la claque esthétique que pouvait, encore une fois, délivrer une oeuvre engendrée par le couple bouillonnant des deux plus grands maîtres du wu xia pian, Siu-tung le visionnaire novateur et Hark l'instable fougueux.
J'aimerais, ne serait-ce qu'une fois, réprouver les choix artistiques de ces deux types en cette période prolifique, mais force m'est d'avouer qu'à des degrés variables, chaque nouvelle découverte déboulant de leur giron tempétueux reste une belle torgnole inspirée.
J'ai bien entendu en tête les multiples détracteurs d'un genre communément appelé "de kung fu" exprimer la redondance des techniques et la répétition des narrations... Il est pourtant si bon de goûter en chacune de ces oeuvres le lot nouveau d'exubérantes créations qui en font tout le fumet si savoureux...
Tout y est réussi, flirtant avec le touchant et une certaine notion du "beau" (encore un mot à la con tiens). Le tragique épouse le comique, les larmes se fondent dans le grotesque, l'horrifique trouve ses notes de douce musique, et l'ensemble explosif enlace irrésistiblement. Ça n'arrête jamais, entre maquillages au sommet, mort-vivants décharnés prenant vie dans la stop-motion, monstruosités tentaculaires suintantes de bave en ébullition, combats de sabres ardents, boules de feu dévastatrices et acteurs parfaits dont Joey Wong dans un premier rôle mystique avant le merveilleux "Green Snake", toujours aussi sublime lorsqu'elle offre un baiser subaquatique... le tout dans des décors au charme aussi unique qu'affectueusement habituels aux créations de ces deux réalisateurs fous furieux.
Certains parleront de "kitsch", de "vieillot" et autres termes étranges... Pour ma part je me contente de trouver ces plans incandescents complètement fabuleux, enchaînant .les teintes picturales aussi démentes que sublimes sur cette succession de toiles dansantes et taquines, théâtre impétueux de brume et d'ombres, contant un nouvel amour impossible entre vivant et mort, aube écrasante et crépuscule regretté, avec toute la classe d'une rixe de lames enflammées et de baffes aériennes.