Il se dégage de ce film une énergie folle.
Celle-ci est sans doute avant tout incarnée par Rayan Sarlak, jeune garçon turbulent et magnétisant de justesse. Dès la scène d’introduction, la caméra de Panah Panahi transforme l’habitacle d’une voiture immobile en un lieu de dynamisme fou. Quelques minutes nous suffisent à comprendre cette famille, dans ses rouages intimes et dans ses rapports intrinsèques.
Le tout ne cesse d’être touchant. Chaque scène qu’un parent partage avec un des enfants a de quoi faire monter les larmes aux yeux, et particulièrement la prestation de Pantea Panahiha, saisissante.
Le regard du père est souvent examiné et demeure la plupart du temps énigmatique. Sa mise en scène est toujours objet de spectacle et nous laisse nous délecter d’une musique plus que bien pensée.
Car c’est aussi là un des points forts du film : conserver le mystère. On sait que toute cette joyeuse famille passe son temps à se mentir, et le film nous quitte avec cette impression particulière d’avoir côtoyé intimement des gens sans avoir véritablement appris à les connaître.
En fait, on s’attarde bien plus aux émotions qu’aux réels enjeux dramatiques du film. Le prétexte est flou, mais l’aventure est palpitante.
Au fil de la route, Panah Panahi sait saisir la beauté des décors naturels. Il trouve aussi le moyen de capter la photogénie de ce monospace gris et terne. Hit The Road a de quoi vous ravir les pupilles.
Bien que le tout semble un peu “braillard” et usant dès le départ, on trouve un équilibre subtil dans l’émotion à fleur de peau de cette famille. La fragilité qui y règne contraste habilement avec le chaos apparent, et le film s'apaise de toute façon dans sa deuxième moitié.
Hit The Road est un film fascinant de beauté et de mystère. Il nous offre un jeu sur la profondeur de champ, sur les tonalités et sur les genres. Il questionne autant qu’il émeut… En somme, c’est une expérience de cinéma authentique.