Hiver à Sokcho
6.3
Hiver à Sokcho

Film de Koya Kamura (2024)

Soo-ha est franco-coréenne mais n'a jamais connu son père français qui aurait regagné la France 23 ans plus tôt sans rien savoir de la grossesse de la mère.

C'est l'hiver dans la petite ville balnéaire de Sokcho en Corée du sud, Soo-ha travaille dans une maison d'hôtes. Chaque jour elle croise sa mère, marchande de poissons sur la jetée et a une relation (insatisfaisante) avec Jun-oh qui contrairement à elle rêve de se marier et partir à Seoul. A l'arrivée de Yan Kerrand un dessinateur de bandes dessinées français (en manque d'inspiration forcément) qui va loger dans la pension, la routine du quartier est quelque peu bousculée. Malgré l'attitude froide, impassible de l'homme, Soo-ha va redoubler d'attentions et d'intérêt à son égard.

Grosse déception pour ce film que j'attendais impatiemment à force de voir la jolie bande-annonce. Il est adapté du roman éponyme d'Elisa Shua Dusapin qui s'y connaît en mélanges culturels puisque la famille maternelle de cette franco-suisse est sud-coréenne. Le réalisateur est lui franco-japonais. Le roman comme le film explorent la relation complexe entre deux personnes de générations différentes qui ne parlent pas la même langue. Notons quand même que si Soo-ha parle un français irréprochable, Yann ne manifestera jamais le moindre effort pour essayer d'apprendre la langue du pays qui l'accueille. Et le moment (gênant) où il lui fait répéter plusieurs fois le mot Châteaudun (elle dit chateaudoune) parce qu'il prétend ne pas le comprendre est vraiment ridicule voire grossier.

Vous l'avez compris, c'est avant tout le personnage de Yann interprété par un Roschdy Zem plus opaque que jamais qui m'a déplu. Je n'ai jamais compris son comportement fermé à la limite de l'incorrection voire de l'agressivité. Je n'ai pas davantage compris l'obstination de Soo-ha (Bella Kim pourtant très bien) à vouloir entrer en communication avec cet homme hostile qui ne cesse de la repousser. Par ailleurs, on peut supposer que Soo-ha à travers cet homme cherche à trouver le père qu'elle n'a pas connu. Sauf que, très gênant, j'ai plutôt senti qu'elle tentait à de multiples reprises de le séduire, repoussant définitivement son très superficiel petit ami (les coréens semblent accros à la chirurgie esthétique...) après une scène d'adieu et de sexe incongrue.

J'ai par ailleurs constamment eu l'impression que les deux personnages aux cultures si éloignées et malgré leurs tentatives de rapprochement ne faisaient que s'éviter. Que cette double culture et la recherche des origines explosaient en un colossal flop. Il me semble par ailleurs que le réalisateur ne cesse de confondre délicatesse et mollesse, mystère et goujaterie. Et les tentatives de l'une face à l'évitement systématique de l'autre finissent par être très lassants et le film largement soporifique et très répétitif.

J'ai beaucoup aimé l'ambiance de la pension de famille un peu démodée mais chaleureuse, l'atmosphère ouatée de l'hiver en bord de mer, les beaux personnages du patron et de Soo-ha et le magnifique moment où devant la glace embuée de la salle de bain, la jeune femme découvre peu à peu ses yeux avec un pinceau (la scène est dans la bande annonce).

P.S.1 : Je ne dis rien des nombreux interludes d'animation vraiment moches et inutiles.

P.S.2 : Les deux traits d'humour sont la dans B.A. : le français est surnommé Alain Delon, et Soo-ha "miss France", au pays du matin calme (humour franco-coréen).

P.S.3 : Et le coup du personnage qui disparaît sans laisser d'adresse : faut arrêter dans les films...

LaRouteDuCinema
5
Écrit par

Créée

le 10 janv. 2025

Critique lue 65 fois

1 j'aime

LaRouteDuCinema

Écrit par

Critique lue 65 fois

1

D'autres avis sur Hiver à Sokcho

Hiver à Sokcho
Cinephile-doux
6

Une saison franco-coréenne

En choisissant d'adapter le livre d'Elisa Shua Dusapin, autrice franco-coréenne, pour son premier long métrage, c'est sans doute que Koya Kamura, lui-même franco-japonais, y a trouvé des thèmes qui...

le 9 nov. 2024

5 j'aime

Hiver à Sokcho
Isabelle-K
9

Un film d'artiste: créatif. 

Ce film, qu’on dirait peint à l’eau des larmes et des délicatesses est un écrin de grâce et de poésie. C’est l’histoire de deux solitudes qui se trouvent et se répondent. Lui, Yan Kerrand,...

le 9 janv. 2025

4 j'aime

Hiver à Sokcho
Selenie
5

Critique de Hiver à Sokcho par Selenie

L'immersion au sein de la petite pension est savoureuse, avec des personnages bien croqués dont le patron surtout, et cet atmosphère très sobre et austère où le tourisme semble être une aventure...

le 10 janv. 2025

3 j'aime

Du même critique

Moi capitaine
LaRouteDuCinema
8

Io capitano

Seydou et Moussa deux amis de toujours ont 16 ans et vivent au Sénégal. Ils partagent le même rêve : rejoindre l'Europe et qui sait, devenir artistes puisqu'ils écrivent des textes et sont...

le 7 janv. 2024

31 j'aime

Le Deuxième Acte
LaRouteDuCinema
8

Veux-tu m'épouser ?

Faire l'ouverture de l'un des plus prestigieux festival du monde ce n'est pas rien. Nul doute que la nouvelle folie de Quentin Dupieux en a dérouté et en déroutera plus d'un. Les commentaires à la...

le 15 mai 2024

26 j'aime

Jusqu’au bout du monde
LaRouteDuCinema
8

THE DEAD DON'T HURT

Vivienne Le Coudy d'origine canadienne et Hoger Olsen un immigré danois se rencontrent sur le port de San Francisco. Immédiatement ils se plaisent et Vivienne part vivre dans la cabane au milieu de...

le 1 mai 2024

16 j'aime