Soo-Ha porte des lunettes sans doute parce qu'elle ne veut pas se fourrer le doigt dans l'oeil (notamment en mettant des lentilles). Pourtant, le film joue sur l'ambiguïté de ce peintre à l'encre Français venu en tourisme dans la pension où elle travaille, qui attise des associations d'idées dans l'esprit de cette jeune femme coréenne au père Français et inconnu. La mise en scène n'hésite pas à brouiller la vue, par de la buée sur un miroir, par des vitres pas tout-à-fait transparentes, par des murs en plastique un peu sales (à l'image du poisson volant de la légende locale qui rêve de nager dans une mer de nuages). La douceur légifère tout le récit de cette quête plus ou moins consciente d'identité, qui passe par la cuisine, le dessin, les balades improvisées et la relation amoureuse. L'ambiance est joliment peinte et la peinture joliment sensuelle, dans cette petite ville coréenne et cette pension tranquille. Tranquille, le film l'est également par ses intermèdes animés poétiques qui, là encore, brouillent les lignes de la figuration. En bref, Hiver à Sokcho est un joli petit film qui retient tout, sauf le fragile sentiment de légèreté.