Résumer HLM Pussy à un #MeToo de banlieue est sans doute réducteur mais le dernier tiers du film insiste parfois lourdement sur cet aspect, avec pas mal d’ambiguïtés au passage, d'ailleurs, et finirait presque par gâcher la plutôt bonne impression laissée auparavant. Bien dans l'air du temps, le premier long-métrage de Nora El Hourch l'est assurément et sa bande de filles, aux origines dissemblables mais animées par un sens profond d'amitié, sonne très juste. L'énergie qui se dégage du trio est sans aucun doute l'atout premier d'un récit pas toujours très assuré sur ses pattes et qui convainc moins lorsqu'il tente de suivre les filles de manière séparée, sans véritablement choisir l'une d'entre elles. Ces maladresses de scénario sont compensées par l'alchimie entre les adolescentes, tandis que la mise en scène, très inégale, réussit parfois à créer quelques moments de poésie, dans un environnement qui en manque certainement. La question de la double culture vient aussi percuter l'intrigue, avec plus ou moins de bonheur, et l'on peut se demander si la profusion de thèmes abordés ne va pas court-circuiter la sympathie qu'inspire a priori le film. Ce n'est pas tout à fait le cas, heureusement, grâce à l'interprétation des trois adolescentes, en particulier celle de Leah Aubert, remarquable, y compris dans ses scènes très réussies avec la toujours impeccable Béatrice Bejo.