Certains y verront probablement une dimension politique, voire un odieux plaidoyer réactionnaire en faveur de l'auto-défense : sincèrement, je n'y crois pas une seconde. Rien que la genèse du projet est énorme : un festival de fausses bandes-annonces chapeauté par Robert Rodriguez et Quentin Tarantino où la meilleure serait récompensée d'un vrai long-métrage, débouchant ainsi sur ce « Hobo with a Shotgun », pur plaisir coupable conçu et pensé tel quel. D'emblée, le ton est donné : générique « westernien », couleurs saturées, musique parfaitement adaptée... On ne nous ment pas sur la marchandise, ça va être du bon gros délire « grindhouse » fun et décomplexé, soit précisément ce qu'on était venu chercher. Pour autant, Jason Eisener ne fait jamais n'importe quoi.
Certes, c'est basique, mais il y a un vrai cheminement, des personnages ayant des raisons d'agir comme ils le font : ça n'est ni très subtil et encore moins sophistiqué, mais ça fonctionne, d'autant qu'on ne va pas se mentir : voir des ordures de la pire espèce se faire massacrer violemment est toujours réjouissant. Plaisir également de revoir le grand Rutger Hauer dans un premier rôle, même dans une série B comme celle-ci, bien accompagné pour l'occasion par la jolie Molly Dunsworth, charismatique et curieusement peu revue depuis. Un peu de « trash » mais pas trop, pas mal d'outrances et de dialogues irréels de « badassitude » pour un divertissement pur et dur, ne faisant pas dans la dentelle mais respectueux de son public, s'offrant même un virage fantastique aussi drôle qu'inattendu : à consommer avec modération, mais de temps en temps, ça fait du bien.