Dans les douches des filles.
Après les échecs critiques et commerciaux de "Showgirls" (1995) et de "Starship troopers" (1997), Paul Verhoeven s'est un peu calmé avec ce film un peu rêveur et surréaliste. L'ambiance du film est proche de la série B, voire de ces téléfilms de science-fiction bon marché qui pouvaient passer sur M6 en plein milieu d'après-midi (à l'époque des années 1990).
L'histoire : je te vois mais tu ne me vois pas...
Critique : Pendant que je visionnais le film, je ne pouvais m'empêcher de penser que Verhoeven faisait du Verhoeven en plus édulcoré. Plus gentil, plus léger. Il n'exploite pas assez son sujet et on sent qu'il aurait pu (et qu’il aurait dû) aller plus loin encore. On le connaît pour sa provocation, son côté voyeuriste. Ici, il titille seulement le spectateur, mais pose tout de même cette question : et vous, si vous étiez un mec invisible, vous n’iriez pas voir un peu dans les douches des filles ? Bien sûr que si! Vice et pouvoir vertigineux cristallisés dans cette invisibilité jubilatoire à ne pas être vu(e).
Le film reste assez « plaisant » dans son ensemble, dans le sens de « divertissant » j’entends. Un mauvais rythme y est présent, assez mal contrebalancé entre le laboratoire secret de l’équipe scientifique (chargée du projet « d’invisibilité ») et les appartements de deux des personnages principaux, typiques de la classe moyenne supérieure américaine. Géographie limitée. La grande faiblesse du film tient en son manque de « fond », son manque d’une réelle « substance ». Le scénario avait quelque chose d’intéressant au départ, l’équipe scientifique avance dans son travail, en rend compte à la CIA qui finance le projet. Puis c’est la dégringolade. Lorsque le chef d’équipe (Kévin Bacon), devenu invisible, débloque, perd complètement les pédales, c’est un autre film qui commence. Une drôle de série B, dont les effets spéciaux un peu vieillissants n’arrangent rien à l’affaire. Le film se termine en queue de poisson, baclé. Dommage