Champions du cinéma d’exploitation, les Italiens ont toujours su rapidement surfer sur les grands succès de leurs amis américains. À peine un an après la sortie de La Malédiction, ils enchaînent avec cette relecture de la figure de l’Antéchrist qui arrive sous les traits du fils d’un riche industriel. Si le résultat est évidemment plus pâle que le film de Richard Donner, notamment car beaucoup plus mou que son illustre modèle, il se défend malgré tout. Alberto de Martino reste un faiseur tout à fait honnête qui sait défendre un sujet sans tomber dans la bête surenchère de certains de ses compatriotes. Ainsi, si le film réserve de jolis moments gore très « italiens bis », ce n’est pas le grand n’importe quoi dans lequel peut parfois verser ce type de productions. Au contraire, le sujet se double d’une réflexion, certes lourdement appuyée, sur les dangers du progrès qui donne de l’épaisseur à l’ensemble et évite de limiter le récit à une succession de scènes morbides.


Porté par un Kirk Douglas en fin de carrière mais toujours aussi charismatique, par la sublime Agostina Belli et par une partition d’Ennio Morricone, le film ne peut de fait être classé comme une simple série B. Rarement putassier, mais parfois lourd dans son propos, il se présente comme une production qui aime bien les têtes tranchées mais se garde le droit d’avoir quelque chose à raconter. En ce sens, on pourra être surpris par un final qui tourne le dos au spectaculaire pour offrir une conclusion prenant l’exact contre-pied de ce qu’on était en droit d’attendre. C’est donc dans une espèce d’entre-deux que le film tisse sa toile. C’est à la fois son mérite et sa limite.


Le film pèche en effet surtout par sa difficulté à créer du suspense et à mettre en scène une enquête passionnante menée par Kirk Douglas. C’était tout le mérite du film de Richard Donner où Grégory Peck allait de révélation en révélation. Ici, le scepticisme de Kirk Douglas fait progressivement place à une conviction qui l’empêche de voir la vérité. C’est judicieux pour ne pas copier allègrement le modèle mais le résultat est, de fait, moins prenant. On reste cependant dans un cinéma de divertissement tout à fait agréable et bien ficelé.


6,5


Play-It-Again-Seb
6

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le 7 déc. 2023

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PIAS

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