Une histoire au potentiel dramatique immense qui apparaît trop peu développée et anodine à l'écran.

Amanda Stheers adapte son propre roman sur grand écran, ce qui, au choix, peut s’avérer tout à fait prétentieux ou encore périlleux mais aussi nécessaire pour une totale fidélité au matériel de base. Si « Holy Lands » n’est pas un ratage, il confirme clairement que tous les bons livres ne font pas de bons films. Même si on n’est jamais mieux servi que par soi-même, on a la désagréable impression que Stheers a voulu rendre à l’écran son histoire bien trop synthétique et simplifiée au point qu’elle en perde tout son sel, sa substance, tout son potentiel dramatique à force de raccourcis narratifs et psychologiques. En effet, plusieurs fois durant le film on se dit qu’il y a trop de raccourcis, qu’il doit manquer des scènes ou que les personnages et les relations qu’ils entretiennent ne sont pas assez approfondis.


Par exemple, le personnage principal joué par James Caan et le rabbin passent sans demie mesure de la haine à la plus profonde des amitiés. Et l’ellipse qui voit sa fille devenir enceinte d’un personnage dont on ne connait rien si ce n’est le visage est bien trop brutale. Comme si elle avait oublié de porter à l’écran des chapitres de son propre livre. Paradoxe étrange qui se poursuit jusque dans le traitement peu équitable des personnages. Ainsi le fils joué par Jonathan Rhys-Meyers semble déconnecté du reste et ses ressentiments difficiles à appréhender. Pourtant, c’est à lui que l’on doit la plus belle scène du film, une scène déchirante à travers une porte entre lui et Rosanna Arquette qui joue sa mère. De la même manière, il y a pas mal de jolies scènes alternant caustique et truculence avec pour contexte un choc des cultures en Israël dû à cet élevage de cochons en pleine Terre Sainte.


On peut reprocher également des tirades très littéraires, forcément en voix off, ainsi que des aphorismes sur la vie, la mort, le deuil, etc qui passeront plus ou moins bien selon l’humeur. Mais dans tout ça, certaines vérités touchent au cœur, notamment lors du final, et emportent l’adhésion. Il y a donc ici plein de belles petites choses noyées dans une histoire au potentiel dramatique énorme qui laissent une impression dommageable de frustration et de bâclé. Ce film d’une heure et demie aurait pu en faire un tiers de plus pour densifier les personnages et éclaircir leurs relations. Et si on passe au-delà de certains clichés sur la religion, la sexualité ou l’art (et la catharsis qui va avec), on passe un bon moment, émouvant sur la fin, mais qui n’exploite pas tout son potentiel dramatique.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 9 mai 2020

Critique lue 178 fois

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Rémy Fiers

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