ATTENTION JE SPOILE BEAUCOUP
Dans Holy Motors, on suit la journée d'un individu mystérieux appelé Mr. Oscar, qui passe son temps à traverser Paris en limousine, en se mettant dans la peau de nombreux personnages différents pour se rendre à ce qu'il appelle des « rendez-vous ». Mr. Oscar est quelqu'un dont on ne sait rien, il n'a pas d'histoire, il est à la fois personne et énormément de gens. Ici, le film ne se contente pas de simplement raconter l'histoire d'un personnage, mais il nous montre de nombreuses vies différentes qui n'ont rien à voir entre elle : à chaque fois que Mr. Oscar sort de sa voiture, il incarne un nouveau personnage, dans un nouvel univers.
Le film est en fait une métaphore du métier d'acteur, dans un monde où n'importe quel endroit est un lieu de tournage, où les caméras sont invisibles, où les tournages sont appelés « rendez-vous », où les acteurs se déplacent dans des limousines blanches pour se rendre sur les lieux de tournage, et où les vies des acteurs se confondent avec les rôles qu'ils jouent.
À chaque nouveau rendez-vous, le film nous plonge dans un univers totalement différent du précédent, où Mr. Oscar va livrer une nouvelle performance d'acteur. Dans Holy Motors, on voyage à travers les genres cinématographiques, où les séquences toujours plus étranges et stylisées s'enchaînent. Le film va d'une scène impressionnante de cascades en motion capture à une scène de comédie musicale, tout en passant par une séquence où une créature étrange mange les cheveux d'Eva Mendes dans les égouts, avant de se clôturer sur un dialogue philosophique entre des limousines sur l'avenir du cinéma.
Le film est plus qu'un récit, c'est une expérience cinématographique et artistique à part entière, qui accorde une valeur particulière à la dimension esthétique et à la beauté du geste, cette dernière paraissant être la seule raison qui pousse Mr. Oscar à continuer ce qu'il fait malgré la fatigue.
Holy Motors est un véritable hommage au cinéma, qu'il illustre sous toutes ses formes en nous faisant voyager d'un univers à l'autre, chacun ayant une ambiance et une mise en scène qui lui est propre. La première scène du film prend alors tout son sens : on y voit Leos Carax, le réalisateur, qui nous « ouvre » la porte du cinéma grâce à son doigt en forme de clé. Un cinéma où tout est possible et dont le spectateur va alors pouvoir admirer la beauté.
« La beauté, on dit qu'elle est dans l’œil, dans l’œil de celui qui regarde. »
(Cette analyse a été écrite dans le cadre de mon dossier pour l'option cinéma-audiovisuel du bac. Ce dossier développe le thème suivant : Un film doit-il forcément avoir pour but premier de raconter une histoire?)