Au début, ya un type avec une clé doigt dans un hôtel zarbi, qui traverse une porte cachée derrière la tapisserie pour arriver dans une salle de cinéma au public léthargique.
Au début, ya un type qui semble avoir plein de pognon, qui se trimbale en costard limo, et qui se déguise en vieille pour aller mendier dans la rue.
Oui. Au début de ce film, on comprend rien, d'ailleurs si on a pas fait gaffe on peut se dire : "Merde, je dois être en train de regarder un David Lynch !".
Pourtant au fil du métrage la narration se construit, et il suffit (faites gaffe au SPOIL) de se rappeler les 5 premières minutes pour voir qu'il s'agit d'un film dans un film, comme si le public larvaire dans la salle assistait à ce même film depuis des lustres.
C'est paradoxal, puisqu'à l'évidence on manque sacrément de lumières sur les tenants et aboutissants de cet ovni en puissance.
Donc un film dans un film, ou plutôt du théatre dans un film où M. Oscar occupe toute la scène.
M. Oscar traverse Paris pour des "Rendez-Vous", changeant de costume et transformant sans cesse son personnage. Il enchaîne les rôles, différents et tous surprenants. Des thèmes qui lui sont dictés par des énoncés mystérieux, le conduisant à toujours plus de polyvalence.
Puis à l'occasion d'une rencontre impromptue son théatre s'interrompt...occasion aussi pour le spectateur d'en apprendre davantage sur ce personnage sensible et énigmatique.
Enfin on arrive à dénouer quelques noeuds.
Le réalisateur nous parle de son art, de son monde particulier qui flirte entre rêverie et sollitude.
Il nous parle de la vie de l'acteur. L'acteur du cinéma qui de jour en jour se transforme, maquille sa vie pour donner du bonheur aux gens, s'efforçant à chaque fois d'incarner quelqu'un d'autre; se fichant même d'être "le bouc émissaire de la misère qui excite le peuple".
Pourtant l'acteur a comme tout un chacun une vie. Banale, délicate, difficile. Et s'il transcende l'art, il peine à transposer ce qu'il pratique dans sa profession à sa vie personnelle.
Telle est la dure vie de l'acteur.
- Holy Motors - est un de ces films qui interpelle, frappe et choque parfois, avec la volonté affichée d'amener le spectateur à sinterroger sur le rôle qu'il tient lui-même dans le 7ème art.
Un de ces films qui reste en mémoire et qui donne envie d'être revu et aussi partagé. Naîtront alors sans doute d'autres visions et ressentis de cette oeuvre hors du commun.
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