Cette note n'a aucune espèce d'importance. C'est normal. Ou plutôt c'est anormal. Avoir un avis sur ce film m'est impossible. J'aurais autant envie de crier au foutage de gueule et à la pure branlette artistique qu'au chef d'oeuvre artistique d'une beauté incompréhensible.


Dans les deux cas c'est incompréhensible. On pourrait passer la totalité du film à analyser, à tenter de trouver des réponses aux questions que l'on se pose tous (ce que j'ai fais... en résulte 3 pages de notes sans sens aucun) mais ce serait gâcher le ... plaisir ? Regarder ce film est-ce vraiment du plaisir ? Encore une autre question pardi ...!
Holy Motors est une oeuvre artistique. Par là (et je vous entend crier d'avance) je n'entends pas séparer art du cinéma. Mais à mon sens Holy Motors sonne plus comme une oeuvre d'art contemporain. A la manière d'un Kurosawa, Leos Carax nous livre un film personnel, mais profondément humain (je fais ici allusion au magnifique Rêves de Kurosawa, film testament de l'artiste) qui ne laissera personne indifférent tant son propos aurait presque plus d'impact à être diffusé dans un musée que dans une salle obscure...
Carax soulève toutes les émotions chez son spectateur et visite dans son film tous les genres de cinéma à la manière de ses personnages qui déambulent dans un Paris plus que présent. On passe du drame familial français classique (scène du père et de sa fille), à la pure oeuvre d'art, spectacle de lumière (scène de motion capture), à la comédie musicale (plus belle scène du film : Kylie Minogue prête sa voix et se balade dans les ruines de la Samaritaine, produisant ainsi un effet mélancolique des plus brillants, le tout magnifié par la caméra qui est d'une justesse infinie. Très belle scène), du tableau (Monsieur Merde et ses références purement christiques) ou du film de gangster. Lavant porte le film par un physique singulier qui, mis au service d'une mise en scène précise, réalise une performance hors norme.
Le tout est aussi intellectuel, élitiste que prosaïque et populaire (l'entracte musical magnifique en guise d'exemple flagrant).
Mais parfois on frise le dégoût, l'animalité brute (le sexe et la violence brute de M. Merde ou psychologique et d'autant plus troublante, comme la violence d'un père envers son enfant), on sort perturbés de scènes aussi déstabilisantes que celle de la mort de M. Vauban tant le message évoqué et beau et beaucoup trop intimiste.
Carax semble violer l'intimité des gens, de nous tous, et livre une oeuvre déroutante par son propos (violence et sexe trivial explicite) qui nous laisse totalement de côté par une compréhension qui n'est définitivement pas au rendez-vous. Mais quel rendez-vous !

Seulement l'art doit il vraiment être compris ? Je me calme, car voici poindre de nouvelles questions...

Le spectateur est excentré autant qu'il est parfaitement present ; Carax se met en scène dés les premières minutes et nous met en scène. Le film peut commencer.
Et nous de rester circonspets.

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le 8 nov. 2014

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Charles Dubois

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