Ce loupiot à la chevelure vol-au-vent, tout ondulé qu'il se débroussaille dans l'immuable du mouvement, il habite par spasmes la campagne à l'entour : là vrombit la pulsion de vivre; cependant que cette docte bachelette, la honte chevillée aux tétasses en penaud pendeloque, elle arpente envers miasmes, de son cœur gros de bile, la maison - non la cour : là décline la pulsion de vivre. Et à la jonction de pareilles altérités se tend, leur borne, un corps flegmatique, ourlé, galbé de bien-portante complexion, cette sœur à l'ample lubricité, ample donc puissante, puissante donc libre, libre donc sereine : là resplendit la pulsion de fuite. Le premier parti, avide des chairs autonomes, en convoite coûte que coûte à son flanc la présence, s'y vautrant de massages huilés sur pugilats duveteux, palpant avec candeur l'affable de leur fermeté; quant à lui, plus gourmé, tristounet, le second parti jalouse d'analogue candeur la grâce des organismes enorgueillis de possibles, d'imminences, ces nichons qui jouissent tant de cagnard et d'air ambiant que d'érotismes spontanés, issus de ce qui tarde à s'expliquer aux ouïes revanchardes, mais s'émancipe, par pur plaisir, de la gaieté à la volupté.
Tous ceux que voilà, drôles à s'en étouffer jaçoit qu'assez graves pour en crever, ils s'ébattront d'une chamaille aux acmés virevoltantes, dont le vacarme hydrocarburé menacera tôt de frayer au creux des plus viles toquades qu'ils ne sauraient manquer à ourdir les uns sur les autres. Effuseront les folâtres rigueurs, sillons de hargne gravés au front, et s'évacueront leurs jérémiades bassement cuvées en poitrines grevées, les bronches opilées, pis! claustrés à dessein.
C'est d'un naturel terrifiant, qui tronçonne les liens filiaux en monceaux de fumantes singularités, n'importe qu'elles soient cendres ou brasiers. D'une joie éperdue, d'un calme atroce, cette impression persiste de n'avoir assisté à rien autre qu'un requiem, en même temps que de s'être complu à foison dans la lumière. Pour preuve, une lancinante pochade : la bâtarde, cette baraque, tapie au haut bout du cadre, toutes fenêtres embrasées d'un jour neuf, qui affecte de chaperonner ainsi qu'une mère recrue d'aberrant labeur ces gamins clopinant en contrebas, ployés sur le chemin de terre glaise, gamins géants dans leur retranchement, pourtant si puérils, tignasse et toupet mâtinés de fétus, visages persillée d'éphélides, en liesses étoilées, si vétilleux d'irradier, leur nimbe dégorgé des chatoiements que distille le ciel au terme de certaines radieuses après-dînées, un soleil féroce, paniqué, aussi dégoulinant d’orangeades que puissent l’être de glaires les gueules des limiers terrassés par la colique, et l'horizon lacérant par sa brèche les paisibles environs, cette campagne affalée, plat pays, sols frappés d'ors mirifiques, lacérant la moiteur du soir à venir, entravant la concrétion des humains mornes, les piquant d'un aplomb résolu, avec certitude sans doute.
Ursula Meier m'a ému de ce qu'elle « peint de balai ivre », - palpons la langue zolienne, - la coexistence d'individus asphyxiés par cette coexistence même. S'attise aussitôt notre fascination, s'enfièvrent nos louanges, d'autant que le film déploie une myriade de trouvailles sincères au plan dramatique pour courir son propos.
Sincèrement, puisse la suite de ses œuvres briller de même qu'en icelle.