Le film que l'on se remet en famille à chaque Noël, avec toujours la même magie, depuis plus de vingt ans. Pas besoin de Pays Imaginaire, on reste des gosses émerveillés face à Hook, comme dirait le Capitaine Crochet : "Le temps passe vite". Même les 2h15 de ce Hook semblent filer à toute allure, ce dernier débordant de charisme grâce à son équipe technique et son casting cinq étoiles. Sous la direction de Steven Spielberg, musique de John Williams, casting composé de Robin Williams, Dustin Hoffmann (mémorable Capitaine Crochet), Julia Roberts, et de charmants enfants. Le film a longtemps bercé mon enfance, sans jamais comprendre vraiment le rapport avec le mythe de Peter Pan (le discours de l'obsolescence du personnage en vieux comptable est davantage destiné aux adultes), mais l'enthousiasme ambiant, l'aventure fantastique "très carton-pâte" et la place importante des enfants ont toujours su attirer l'attention des plus jeunes... Et cette musique de se graver dans notre mémoire à jamais, quelques notes et nous revoilà visualisant tantôt la neige saupoudrant le début du film puis l'exotisme fabuleux du Pays Imaginaire. Les répliques cultes de ce Peter Pan font d'ailleurs glousser les adultes d'un cynisme délicieux : lorsque Robin Williams découvre la fée Clochette : "Et voilà, cela devait finir par arriver, je suis en pleine dépression nerveuse... (...) Tu es la représentation du complexe freudien de ma mère... Mais qu'est-ce que je raconte, moi, j'ai jamais connu ma mère, je suis orphelin...". Quant à lui, Dustin Hoffmann est méconnaissable dans la tenue hautement dandy et fidèle au livre du Capitaine Crochet. James M. Barrie, l'auteur du célèbre personnage, aurait fait un joli clin-d’œil amusé à l'interprétation intéressante de Steven Spielberg, car son livre peut être lu entre les lignes : Capitaine Crochet, c'est le good guy. En effet, le méchant c'est plutôt Peter Pan (qui enlève des enfants pour les utiliser en ayant un droit de vie et de mort sur eux), tandis que le Capitaine est en bisbille avec lui...pour une histoire de politesse et de respect. La main n'est dans le livre qu'un prétexte cachant l’obsession de l'honneur de l'homme (ne supportant pas le jeune voyou), qui finira d'ailleurs par battre symboliquement Peter en duel en l'obligeant à le tuer à la déloyale (et le déshonorer). Spielberg semble avoir bien compris qui est le vrai héros du livre, en faisant de son film (au titre-indice : pas Peter Pan, mais bien Hook, ou la revanche du Capitaine Crochet) une version passionnée par son antagoniste, à l'acteur bouillonnant de charisme (pour nous, le meilleur Capitaine Crochet vu), et même au premier-plan sur l'affiche (vous croyiez que Robin Williams était devant ? Regardez où est le crochet...). Même la vision d'un Peter vieilli et incapable de s'amuser contraste avec les costumes riches, les musiques grandiloquentes et les effets "spéciaux" (le tapis rouge) du Capitaine : la rock star, c'est lui. Et on adore cette lecture. On finit sur une anecdote amusante : le pirate qui se fait jeter dans le "coffre à bobos" n'est autre que Glenn Close. Le rôle de Peter est allé naturellement au regretté Robin Williams, qui fait une fois de plus rêver les enfants et rire les parents, il est difficile de le revoir aujourd'hui sans se dire qu'il nous manque. La magie opère sur les petits, et les adultes, malgré l'esthétisme faite de bric et de broc et une happy-end candide, ne bouderont pas leur plaisir surtout s'ils ont lu le livre, et comme moi, le souvenir de vacances de Noël entières passées devant ce film pour grands rêveurs.