Pure espérance
Un cerf-volant, un parapluie jaune, une grosse peluche, des papillons, un monstre… Les accessoires d’un conte moderne, drame horrifiant où le pire arrive dès les premiers pas, sur le chemin sinueux...
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le 28 sept. 2016
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J'ai pleuré. Deux fois. Beaucoup.
Et puis j'ai souri d'émotion aussi, j'ai même ri, je crois, par instants.
Hope est en somme un peu à l'image de la vie : une inexplicable tragédie que traversent, ça et là, quelques éclaircies éblouissantes.
Comment vous passer en mots, en petits caractères qui se perdront sans doute bien vite dans les limbes de la toile, le ravissement que fut pour moi ce film ? Il rassemble tout ce que j'aime au cinéma : une peinture sociale savoureuse - ici, de la société coréenne (avec toujours, comme dans The Chaser, une charge féroce à l'encontre des instances judiciaires censées protéger les citoyens des monstres - mais qui le font en somme bien mal), une histoire de famille et de rapprochements inespérés à la faveur d'un drame initial, un jeu d'acteurs éclatant de justesse, une tonalité singulièrement cocasse, une mélancolie incoercible et, pour couronner le tout, des images et des instants de grande poésie.
Que demander de plus ? Nous avons cette petite brunette vive et joyeuse, petit chaperon au parapluie jaune de 9 ans, qui va faire une bien mauvaise rencontre alors qu'elle se rend à l'école. Cette famille sans histoire, dont les parents jusque là ne communiquaient guère, va devoir affronter l'horreur tout en cherchant à se reconstruire, les coudes serrés, les larmes aux yeux, la rage au ventre. Tout tourne autour de cet enfant à qui il faut désormais chercher à redonner un impossible sourire.
Le récit s'intéresse tout particulièrement à la relation du père et de la fille. Un père qui prend soudain conscience de son rôle, s'en empare enfin avec un humour renversant qui cache une grande sensibilité, et part enfin en quête du pardon de son enfant, trop souvent négligé.
Ce cerf volant du début, c'est un peu le sac plastique qui volette dans le vent dans American Beauty : Hope est aussi cette brillante démonstration de la beauté du monde et des gens, de cette tendresse qui lie les individus et qui est en fait le seul salut que nous pouvons espérer ici-bas.
J'ai aimé l'alternance des tonalités, la façon qu'a Hope de toujours nous surprendre, de nous emmener sur des terrains inattendus avec une élégance, une pudeur et une fantaisie absolument incomparables.
Certaines scènes m'ont également rappelé la toute fin de Submarino : il y a du Vinterberg dans ces scènes de famille qui se rassemblent autour de l'enfant comme dans un moment de nativité païenne qui vient dénouer tous les drames et apaiser les sanglots.
Que dire enfin de ces belles couleurs - le rose vif des vêtements de la petite Hope, ce Kokomong, ange gardien coloré si adorablement kawaï, ce ciel dégagé malgré quelques nuages : il n'y a pas à dire, on s'y connaît en poésie et en délicatesse, en Extrême-Orient.
A la fois thriller, drame et comédie, ne sombrant jamais dans le moindre écueil d'aucun genre, Hope est un film coup de poing, émotionnellement renversant, d'une violence terrible, mais pourtant tissé de tant d'optimisme qu'il en devient un chef d'oeuvre bouleversant.
Courez.
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le 17 sept. 2016
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