James Gunn a fait ses premières armes chez la troma, dans le mineur faux documentaire trash lollilove qui se révélait mignon sans être très conséquent. Fort de ce premier essai, il a commencé comme scénariste (le scénar de L’armée des morts, c’est lui), avant de passer à la série B horrorifique avec Horribilis (slithers), dont on va parler aujourd’hui. Même si la facture du film est un peu télévisuelle, on a plus vu de films de créatures aussi généreux depuis les années 80. Sorte de The deadly Spawn numérique immodérément généreux, il a gardé une place de choix au cours de mon initiation cinématographique (les belles heures du lycée) et conserve aujourd'hui une belle sympathie.
James Gunn place la barre assez haut pour une première réalisation, le nombre d’effets spéciaux étant assez audacieux dans le mélange numérique et prothèses en latex. Niveau quota de gore, on a rarement été autant servi dans un petit film. Et du gore bien cracra, avec du pus, de la viande, des tripes, des boursouflures et tout un tas de muqueuses suintantes à vous dégoûter à vie de la Chair. Sur un plan purement technique, le grand défit de ce film, c’est sa créature (joué par un Michael Rooker en décalage avec ses rôles habituels), qui combine à elle seule beaucoup de trucages différents (numériques et maquillage), ce qui a entraîné quelques modifications de scénarios pendant la production. Mais au final, le rendu de la créature est remarquable, et le numérique s’intègre parfaitement à l’image. Défi technique réussi, et pourtant, ça n’était pas les nombreux design qui manquaient. Grant, le monstre principal, existant sous forme humaine, puis de grosse limace, avant de devenir immobile tant il devient énorme. Et son cycle de reproduction est réellement plaisant, car il est décrit avec moulte détails, et fait intervenir des designs de créatures plus (les zombies) ou moins (les limaces) connus. C'est le même type de plaisir régressif qui attisait la curiosité d'un Tremors 2. D’un point de vue zoologique, la créature fonctionne parfaitement, et sa logique monocéphale en fait un ennemi intéressant à combattre. Outre le gore qui tâche et le bestiaire varié, c’est sur l’humour que le film gagne en sympathie. Contribuant à l’attachement du public à ses personnages, il renforce continuellement cette façade de série B ludique, n’hésitant pas à aller loin dans son propos (tout le monde est touché par la menace, gosses inclus), mais en jouant toujours la carte de l’humour, parfois de mauvais goût (les gags redondants du maire), mais ne gâchant jamais le grand guignol et la bonne humeur du film. Il devient dès lors amusant, car décalé, d’avoir des gags en plein milieu de scènes hyper-crades (la cave de Starla pendant la visite du maire).
Une ambiance oscillant entre bestiole poisseuse et comédie romantique, la trame du film étant d’ailleurs assez explicite à ce sujet. L’histoire d’amour est en plein milieu du film. Et qu’on me pardonne mon manque de recul vis-à-vis de ces thèmes, mais l’histoire du monstre qui investit le corps d’un homme, qui n’a jamais connu l’amour, et qui tombe amoureux de sa femme, il y avait là une petite variation amusante de la belle et la bête que l'on pouvait exploiter. L’histoire est étonnamment travaillée à ce sujet, les sentiments des protagonistes étant plutôt bien dépeints, au prix d'une certaine distance créée par l'humour. Les acteurs en eux même s'amusent avec leurs personnages, et si ils n'ont pas grand chose dans leur caractère pour forcer le rapprochement, le film leur offre au moins des sorties comiques qui fonctionnent (annonçant déjà le nanar assumé des gardiens de la galaxie). Des acteurs motivés et sincères, un quota de gore littéralement explosé, une créature photogénique et une histoire d’amour tragique. Cerise sur le gâteau, des bonus dvd réellements sympathiques, qui montrent combien le tournage a pu être détendu, et s’est révélé être une excellente expérience pour tout le monde, de l’équipe technique aux acteurs en passant par les SFX. La notule où le technicien nous apprend à faire du faux sang et sa suggestion pour faire peur aux parents étant tellement drôle, je ne peux m’empêcher d’augmenter le capital sympathie de ce film bancal, mais dont la sincérité marque des points.