Aucun des films de Bruno Dumont n'est facile d'accès. "Hors Satan" l'est encore moins que les autres. Son décor de dunes et de hameau désert sous la graisaille et son formalisme austère ne sont pas fait pour surprendre de la part du cinéaste.
Celui-ci met en scène un "gars", ainsi nommé, aux allures de SDF, un personnage dont le caractère symbolique semble évident bien qu'on balance d'abord entre ange ou démon. Le Bien et le Mal forment une fois de plus le thème central de Dumont, et s'expriment à travers le cheminement du gars et d'une jeune fille du hameau, et de la relation incertaine qu'ils nouent entre eux. Dépouillé et laconique, le film menace de nous perdre en route...
L'âpreté du style et l'opacité du propos ou de la symbolique intriguent en même temps qu'elles rebutent. C'est une caractéristique de beaucoup des films de Dumont. Mais le miracle se produit: insensiblement, on est gagné par l'intensité dramatique du récit, par la métaphore général ou la personnification christique, et par un manichéisme qui parait moins compliqué à aborder.
Il faut bien des efforts pour décrypter les idées de Bruno Dumont ou sa mise en scène lourde de sens mais le cinéaste, au bout de sa démonstration, se permet même, contre toute attente, de sortir du marasme pour proposer l'espérance. La jeune fille, qui est l'enjeu du sujet, a fini par me convaincre qu'elle incarne une idée forte et poignante.