Hostel Chapitre II est, à bien des niveaux, plus abouti que le premier volet de cette saga basée sur des interactions peu recommandables entre êtres humains. Eli Roth s'amuse, comme toujours, à mélanger cynisme et gore, ce qui donne quelques scènes vraiment réussies (

la découpe "et dégustation gastronomique" sur place, l'émasculation juste au moment où Monsieur "allait commencer à être un homme en dominant une femme..." - oh, pauvre chéri -, et surtout cette partie de foot macabre qui conclut le film dans un dernier éclat de rire incrédule

). L'indice sonore pour savoir si l'on a le droit de se marrer : la petite musique classique qui est en décalage complet avec la boucherie qui se joue sous nos yeux. Boucherie qui, d'ailleurs, est vraiment mieux faite que le plastoc grossier du premier film, ce qui soulage nos rétines (encore marquées par l'énucléation qui ressemblait surtout à une grosse saucisse en plastique... Ici, le gore se tient très bien). On remarque que le nombre de "découpes" est en baisse, mais s'en plaint-on vraiment ? Non, car Eli Roth a l'intelligence de nous intéresser à tout autre chose : le point de vue des bourreaux, ce qui change tout à la dégaine de ce film. On passe de l'idée d'une suite bourrine et sans intérêt à une suite indispensable et plus cynique, en découvrant les visages des pères de familles souriant en faisant leurs offres d'achats sur une vie humaine, les soldes qui s'appliquent si le "produit" est d'occasion (on a trouvé l'idée génialement immorale), les règles strictes qui obligent un bourreau à ne pas laisser le travail à moitié fait (sinon on lâche Zeus et Apollon...). On s'offusque, on s'étonne, on rit avec un soupçon de dégoût, vraiment ce Hostel II est un solide film, une suite qui pousse le concept plus loin sans tomber dans le piège de la surenchère de chair fraîche (une finesse qu'on apprécie fortement). Mention à la mise en scène de Roth, vraiment celle d'un connaisseur de l'image : l'ouverture du "petit-déjeuner morbide" (où le son des gouttes laisse entrevoir ce qu'on va trouver...et on est quand même surpris), la scène du compartiment du train dérangeante (

le floutage du vieux moustachu, la lumière qui coupe, hop il est dedans derrière la femme qui ne l'entend pas...

Aussi simple que ça, on frissonne),

les gamins qui désignent un copain à dégommer

(on a beau ne pas voir l'acte final sur l'enfant, notre cœur est brisé), et évidemment ce petit clin d’œil entre potes (pour finir sur une note plus joyeuse) quand on voit que le film diffusé à la télévision est Pulp Fiction (sachant que Tarantino a fait la promo de Eli Roth sur plusieurs films, c'est un coup de coude sympa en retour). Ainsi, Lauren German (oui, Chloe Decker dans la série Lucifer) va vraiment bien au teint de ce film à l'humour (très) grinçant, à la tacle évidente sur le pouvoir, à l'inclusion de femmes dangereuses parmi les bourreaux, aux effets "cracra" bien plus réussi, aux scènes mémorables, et à l'envie d'aller plus loin que le premier film sans faire "bêtement plus gore", ce qui est une leçon pour bon nombre de suites horrifiques qui se reposent sur ce simple concept pour faire le travail à moitié. Zeus, Apollon, attaquez.

Aude_L
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le 20 mars 2023

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