L'accueil indifférent (j'étais tout seul dans la salle) et le ressenti tiédasse réservé a cet Hotel Artemis, en plus d'être injuste, semble le fruit d'un énorme malentendu.
Parce que ce concept d'hôtel clandestin, il a déjà été utilisé comme havre de paix tout relatif dans John Wick, réservant quelques bastons mémorables. Sauf que le film ne joue pas dans la même catégorie... Et n'a jamais voulu le faire.
L'amateur bourrin d'action sera donc bien inspiré de passer son chemin, sous peine de piquer un petit roupillon et de se réveiller pour un dernier quart qui lui apportera un peu de ce qu'il attendait.
Hotel Artemis pointera ainsi de manière bien plus aisée dans le huis-clos, dans un thriller rétro futuriste, avec, en fond sonore, des émeutes secouant le downtown L.A. dans une drôle d'atmosphère, baignée d'une certaine nostalgie suintant des murs de l'immeuble tapissés de moquettes transpirant le rococo. Alors même que les chambres ouvertes aux assassins blessés renferment une high tech futuriste. Ce décalage, ce grand écart rend la direction artistique de l'entreprise assez séduisante, conférant une vie aux couloirs désuets ainsi qu'à chaque recoin de décors inondés d'une lumière basse.
Le premier film de Drew Pearce fait aussi évoluer une galerie de personnages assez attachants dans une intrigue ressemblant au style Agatha Christie, dans laquelle on pourrait croiser la Night Nurse, ou encore Elektra, sorties des pages des comics Marvel.
Jodie Foster en est bien évidemment l'attraction principale. Vieillie, cassée, meurtrie, son infirmière devient par instant touchante et dénotant avec l'atmosphère brutale et tendue installée dans cet Hotel Artemis de par la population pas très recommandable qu'il accueille.
Le reste du casting navigue entre les archétypes de la femme fatale, via la toujours aussi magnétique Sofia Boutella, l'assistant fidèle ou encore le parrain du crime intraitable flanqué de son rejeton qui ne lui arrive pas à la cheville. Entre ancienne et nouvelle génération, entre saillies de punchlines drolatiques et violence parcimonieuse et sèche, Hotel Artemis se hisse au niveau d'une jolie surprise, bien aidé par un ton étrangement nostalgique auquel il était difficile de s'attendre, alors même que l'immeuble installe ses fondations dans un futur très proche en plein chaos que n'aurait pas renié un American Nightmare.
Le film mérite donc largement le coup d'oeil, tant la série B un peu autre dont il se pare fait passer un bon moment. Loin, en tout cas, de l'accueil indifférent qui lui est réservé sur le site et d'une fin d'été cinéma en sourdine.
Behind_the_Mask, mercredi, folle soirée.