House of Gucci par Charles Dubois

House of Gucci révèle clairement ce qui manquait à Tout l'argent du monde pour en faire un bon film : son rythme et son ironie.
Il y a dans cette saga toute scorsesienne quelque chose de vraiment réjouissant à voir comment Ridley Scott s'empare de la saga familiale Gucci et de ses personnages aussi hauts en couleurs que médiocres et risibles pour en faire un biopic, certes, mais peut-être avant tout une comédie, avec ses faiblesses évidentes (surjeu, étalonnage des couleurs anarchique, une mise en scène qu'on aurait imaginée plus fine) et un film presque grand guignolesque et que les années 80 rendent jubilatoire et tapageur (au bon sens du terme). On aurait aimé peut-être plus de subversion, des dialogues plus ciselés, mais on a au moins le mérite d'avoir assisté à plus de deux heures et demie (presque trop court !) d'un divertissement de haute volée, sans trop de profondeur ou de prétention, rondement mené, sans baisse de rythme aucune et d'un cynisme délicieux (avec, notons-le, des partitions incroyables de Lady Gaga, de Jared Leto, évidemment méconnaissable, et de Al Pacino qui retrouve un peu de sa fougue énervée).
Scott frise le grotesque par les clichés de son époque et ceux qu'il donne à "l'italianité" de son histoire, il mélange les genres avec malice et semble se moquer ouvertement de la mode (on le comprendra dans la façon dont il esquive volontairement d'évoquer ou de montrer quoique ce soit du travail de designer ou de la réflexion sur une identité esthétique), et par son approche presque bourrine de son sujet (Scott n'a jamais été ni fin ni esthète et ce film le prouvera une nouvelle fois).
Il se montre ainsi joyeusement provocateur.
Pour notre plus grand plaisir.