Gucci - l'histoire des collections ? pas tout à fait ...


Ce film cherche à rendre compte de l'échappée de la maison Gucci à sa famille italienne d'origine, on y voit donc le déclin progressif de ses protagonistes sous le prisme de l'histoire d'amour de Maurizio Gucci.


Un peu d'histoire ... Fondée en 1921 à Florence (mon rêve aller au Gucci garden, ouah ouah) par Guccio Gucci, la maison se spécialise d'abord dans la maroquinerie haut-de-gamme. En 1935, Guccio est contraint de questionner ses conceptions, puisqu'un embargo de la Ligue des Nations Unies sur l'Italie de Mussolini provoque une pénurie de cuir. c'est à ce moment que sont questionnés la soie, la jute et autre matériaux permettant à la marque de construire son identité à travers des emblématiques vendus encore aujourd'hui. Envolée lyrique en 1950, la maison finit par s'essouffler car ne voit plus ses collections évoluer : le film s'attache donc à ce chapitre.


Peu d'éléments nous rappellent l'histoire des collections er la façon dont elles ont été pensées. J'avoue qu'en tant qu'admiratrice de la marque, ces détails techniques, historiques même, m'ont vraiment manqué. En effet, le film révèle particulièrement le travail de Maurizio en qualité d'avocat, et bien que la partie juridique de la gestion d'une telle ampleur soit questionnante, on manque un peu d'artistique. Les seuls personnages qui l'incarnent sont fous (Paolo - Jared Leto) ou bien ont un passage éclair (Tom Ford).


Trois fois seulement sont évoqués donc des histoires sur la conception des objets :
1. le foulard emblématique en soie à l'imprimé Flora dessiné et créé pour Grace Kelly en 1966, sur lequel Paolo pisse en signe d'une protestation faite à sa famille et ses codes, son anachronisme.



  1. Les mocassins Princetown dans lesquels (OMG) une feuille d'or est glissée sous la semelle pour certifier le modèle ultra illimité.


  2. l'intervention de Tom Ford dans les années 1990 après le rachat des parts pour redorer l'image de la maquette et donner aux collections une esthétique plus contemporaine, encore une fois, cette période est utilisée pour illustrer le tragique rachat des parts.



C'est peut être ça, qui nous manque donc un peu, comprendre ce qui a provoqué la conception de tel ou tel objet emblématique leur histoire, qui ici n'apparaît pas.


Si l'on évacue donc la poésie qui peut pousse à concevoir foulards, parures et broderies, on peut donc se concentrer cette fois-ci sur l'action. Le casting est incroyablement maîtrisé et surprenant (Camille Cottin !), et contribue à la profondeur narrative.
L'ambiance méditerranéenne d'une Italie dolce vita VS business existe, et il est assez limpide que nous y sommes propulsés sans difficultés.


Le jeu d'Adam Driver est particulièrement délectable : sa posture corrobore à son évolution, on identifie sans peine la montée en puissance du personnage, sa soif grandissante de pouvoir et de fortune qui contraste avec sa grande délicatesse des débuts.
La réelle surprise doit cependant être accordée à Lady Gaga que je n'aurais pas pensé être capable d'autant de sincérité : sa détresse, son hystérie, sa panique, sont francs et beaux, d'autant plus que le personnage de Patrizia est complexe et extrêmement construit et singulier.


Il faut donc remercier les acteurs principaux de House of Gucci qui portent ce film de tout leur corps, car le scénario est un peu dans le survol, voir se concentre un peu trop sur le déclin du rapport amoureux des deux protagonistes. ce sont des choix assumés, mais qui sont parfois agaçants tant l'histoire se dessine sur ses pourtours.

jasmincigarette
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le 3 déc. 2021

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