How to have sex est un drame britannique, le premier long métrage de Molly Manning Walker et assurément la promesse d'une très belle carrière pour la réalisatrice.
Présenté au festival de Cannes, le film a remporté le Grand Prix Un Certain Regardet il est assez amusant de savoir que la réalisation n'était pas encore finie 4 jours avant la diffusion !
La force du film repose avant tout dans sa thématique générationelle mais aussi par la performance de ses acteurs. Nous suivons alors les vacances en Grèce d'un groupe de 3 filles dont la joie de vivre et les ambitions explosives nous transporte dans les plus folles soirées de la ville de Malia, là où drogue, alcool et jeux sexuels sont gages d'un moment festivement unique. Tara, une des trois copines, veut s'émanciper du complexe de la virginité et se missionne donc de trouver le partenaire parfait.
S'amorce alors une réflexion sur l'idéalisation de la première fois, un sujet cher au cœur de la réalisatrice et qui touche une grande majorité de jeunes, s'imaginant un déroulé romantique et fusionnel mais qui se dévoile souvent être une désillusion. Espérances, attentes, réalisation, déception. Le schéma scénaristique du film s'apparente à cette soirée dépucelante qui monte crescendo dans un état psychologique dérangeant, où le regret vient à prendre une place prépondérante.
La notion de consentement est subtilement bafouée par le personnage de Paddy et dans l'euphorie de l'ivresse, surgit la fatalité de l'impuissance. L'homme dragueur parvient à ses fins répugnantes tandis que l'homme respectable regrette, non pas de ne pas être passé à l'acte, mais d'avoir laissé tomber Tara dans les bras d'un amis qu'il connaissait dérangé.
En fin de compte l'entièreté du métrage nous donne une sensation de vide absolu, un déroulement de scènes qui deviennent de plus en plus dérangeantes mais dans une maîtrise telle qu'on n'en devient pas instantanément choqués, mais plutôt progressivement mal à l'aise, ce qui nous démontre la viciosité par laquelle un "non" peut devenir un "oui".
How to have sex est un film de passage, mais aussi un film de silence. Les scènes les plus parlantes ne contiennent pas de dialogues, elles sont muettes et s'intensifient dans le regard. Cette prise de vue constante sur le visage de Tara fait en sorte que l'on s'interroge plus sur ses réactions et son état post-traumatique que sur l'acte en lui-même.
Dans ce drame psychologique, le personnage principal apparaît d'abord dans la certitude jouissive de passer un bon séjour, sa joie se transforme lentement en contrariété puis en trouble avant de devenir un véritable traumatisme. Cependant, dans un regain d'espoir, en quittant ce calvaire et en étant enfin écoutée, l'actrice nous libère partiellement d'une ambiance totalement plombée en criant un éclatant et chaleureux "Rentrons !"