Under the skins
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le 22 juin 2018
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La première de How to talk to girls at parties a eu lieu au soixante-dixième Festival de Cannes, en mai 2017, soit il y a plus d’un an. Dans cette intervalle, le film n’est toujours pas sorti dans les salles françaises (mais dans quelques cinémas britanniques) et est demeuré drapé de mystère puisque très peu de spectateurs ont eu la possibilité de le voir.
Un titre peu commun, un casting attrayant et des visuels aussi variés que saugrenus : il s’est peu à peu construit une réputation (virtuelle, donc) faite d’interrogations et d’incertitudes. Je l’avais manqué à Cannes et ai donc sauté sur l’occasion lorsque le British Film Institute l’a présenté en avant-première début mai. Les acteurs et le réalisateur étaient attendus, puis finalement décommandés ; very well, ce serait une avant-première au sens le plus brut : une occasion de poser les yeux sur cet étonnant objet cinématographique avant tout le monde, sans débats et selfies à l’issue de la projection. En prime, la séance est à 3£ pour les moins de 25 ans. Que demander de mieux ?
How to talk to girls at parties est une réussite incomparable, et fait plaisir à voir dans le paysage cinématographique de cette morne première moitié d’année 2018.
Tout d’abord, c’est un film extrêmement original formellement, hors du temps ou en tous cas hors des standards des années 2010. Ses visuels sont déroutants, mêlants deux univers - très seventies - en théorie radicalement opposés : face, c’est punk (tout en cuir sombre et vêtements déchirés) ; pile, c’est SF psychédélique (tout en néons et latex multicolore).
La séquence d’ouverture du film aurait pu être tournée par Derek Jarman (Jubilee, 1978) il y a quarante ans, mais les trois personnages principaux se retrouvent rapidement dans une “rave cosmique“ qui tiendrait plutôt d’un clip de Tame Impala.
Ensuite, les trois acteurs principaux sont remarquables de sincérité. Elle Fanning y est rayonnante dans une candeur absolue mêlée de curiosité infinie - on retrouve certains aspects du personnage qu’elle incarnait dans The Neon Demon, mais dans une version positive. Nicole Kidman n’avait sans doute pas été aussi investie depuis une vingtaine d’années (disons depuis Eyes Wide Shut, en 1999) ; elle est magistrale dans son rôle de ‘prêtresse’ de la communauté punk de Croydon. Alex Sharp, moins expérimenté mais ici premier rôle, n’a pas à rougir de la comparaison avec ses partenaires : dans la simplicité, la franchise, il est parfait. Ils ont également pour eux d’avoir su faire confiance à un tel projet, qui sur le papier devait sûrement apparaître comme tout sauf évident.
Enfin, si la structure de l’œuvre est légèrement classique (le film fonctionne par actes, qui ressemblent de près ou de loin aux stades que pourrait proposer une comédie romantique classique), le contexte et les thèmes sont novateurs et portent le film. Le spectateur est précipité non pas dans un nouvel univers, mais dans la zone de rencontre entre deux personnages et leurs mondes radicalement opposés.
L’écriture peut être parfois légèrement simpliste ; le film instaure une dichotomie fondamentale entre mouvement punk et culte cosmique sans qu’aucun des deux ne soit véritablement approfondi, créant parfois des incertitudes. (On toucherait presque au cliché sur le punk dans certaines affirmations des personnages). Le film veut faire beaucoup, est parfois trop turbulent sur la forme, et en oublie légèrement de s'assurer de la cohérence de sa base. Néanmoins, rien de tout cela n’enlève à l’impact émotionnel de la relation entre le personnage d’Elle Fanning et celui d’Alex Sharp.
Cette justesse du traitement émotionnel, couplée avec l’atmosphère unique de l’oeuvre donne un produit final impétueux, sans hésiter le film le plus atypique et chaleureux de 2017/2018/… peu importe l’année où il sort(ira), en fait.
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Créée
le 29 mai 2018
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