Le plus usant dans le fait d'avoir toujours raison, c'est d'avoir raison concernant la triste opinion qu'on s'est faite d'un réalisateur, et qu'on persiste à vouloir corriger devant l'engouement qu'il continue à susciter.
Martin Scorsese poursuit son chemin de croix dans mon estime, tutoyant davantage les abysses à chaque nouvelle sortie.
Quelque part, en ce sens, il est aussi bien qu'il me reste quelques uns de ses bons (lire : anciens) films à voir, pour alterner avec les œuvres récentes et y survivre.
Hugo n'est pas un film à sens unique.
Non, deux émotions se disputent la vedette : la consternation et l'ennui.
Des personnages neutres et laissant le spectateur parfaitement indifférent à leur sort, une musique mièvre, à l'image de cette accumulation de clichés Zolaesques, tout est fait pour noyer dans la guimauve et l'ineptie ce qui aurait pu constituer un hommage hollywoodien à Méliès, dont je confesse ne pas avoir connu l'existence jusqu'à relativement récemment.
Comme souvent, lorsque le propos souffre de telles faiblesses, on essaie de se réfugier où l'on peut, malheureusement ici ce n'est pas l'immonde Paris numérique qui va relever le niveau, ni la distribution pathétique, posant une nouvelle fois la question séculaire de la santé mentale de Christopher Lee.
Le challenge le plus haletant serait de décider si il faut attribuer la palme de la pire tare de ce film à son côté prévisible ou à sa détestable démagogie, cette dernière étant probablement la seule caution justifiant l'adhésion populaire.
Vous comprenez, le gros méchant mastodonte Hollywood qui se penche sur un petit réalisateur français méconnu, c'est digne de Slumdog, et ça tire à la fois les larmes et les applaudissements dans les chaumières.
À ce petit jeu Scorsese est diablement et tristement habile, son numéro d'illusionniste a visiblement une fois encore fait mouche.
En ce qui me concerne, je passe mon tour.