Au début des années 30, Hugo est un jeune orphelin vivant dans les rouages d'une gare parisienne. Il fait la rencontre d'un modeste et vieux marchand de jouets aigri, sans savoir qu'il s'agit de George Méliès, le pionner du cinéma fantastique...
Martin Scorsese prouve qu'il est réellement éclectique, signant là un récit initiatique en forme de conte, genre assez éloigné de ses films de gangsters ou thrillers sombres. Néanmoins, le résultat est pour le moins inégal.
Le gros défaut du film est clairement le personnage de Hugo, peu intéressant et pas très bien écrit. La faute à des origines expédiées, des enjeux répétitifs (les chassés croisés avec le policier zélé, vague antagoniste, sont un peu fatigants à la longue)... et le fait qu'il ne serve pas à grand chose si ce n'est amener le vrai sujet du film.
Il y a aussi ces imageries qui se donnent un côté féérique pour excuser le numérique grossier de la reconstitution. Parfois ça ne passe pas du tout (la dernière scène avec Jude Law est franchement ridicule). Mais parfois ça passe... et même très bien.
Surtout quand le film traite ce qui à vraiment motivé Scorsese à le tourner, à savoir l'hommage aux débuts du cinéma, en particulier celui de Méliès. "Hugo" contient foule de clins d'oeils et références plus ou moins appuyées, et bien sûr une évocation touchante de la vie de George Méliès, qui est passé d'artiste original à pionnier incroyable, avant de sombrer dans l'oubli.
Extraits de films, immersions ou reconstitutions particulièrement réussies, un Ben Kingsley impérial, utilisation du numérique pour livrer quelques séquences saisissantes : on sent que Scorsese s'est éclaté dans son hommage vibrant. Avec en prime quelques guest stars qui donnent du cachet, dont le vétéran Christopher Lee dans un rôle de libraire sympathique.
Par contre, sans rien connaître de George Méliès, il est peut-être âpre de rentrer dans le film. L'accent typical british des personnages français (!) n'y aidant pas forcément (pour les Américains, c'est européen dont ça passe ?). D'ailleurs c'est sans doute l'une des raisons de l'échec en salles de "Hugo".