Bofbof, j'ai pas particulièrement accroché à ce film.
J'ai trouvé le portrait dressé particulièrement lisse : où est la vie dans tout ça ? L'auteur nous montre la vie de ce vieux couple qui semble avoir raté le train du progrès. C'est effectivement super intéressant comme sujet, sauf que ce n'est jamais vraiment approfondi, il n'y a rien d'autre à voir qu'un vieux qui coupe du bois et une vieille qui joue de l'accordéon. Je dis ça mais en fait même ça c'est à peine si on s'y intéresse. C'est très factuel à ce niveau-là : il coupe du bois, elle joue de l'accordéon, ils déjeunent, elle regarde par la fenêtre, il va à l'église chanter, ... rien n'est approfondi. On dirait même que ces gens n'ont aucun défaut et donc aucune épaisseur. On ne sait même pas de quoi ils parlent réellement. Pour moi, tout sonne faux, tout est trop idéalisé. Avec en sous-entendu (mais bon un sous-entendu comme ça passe autant inaperçu qu'un hurlement à la mort) c'était mieux avant. Parce que bon, même si ce n'est jamais clairement dit, on veut nous faire rêver avec ce couple vivant toujours à l'époque d'antan : pas d'électricité, pas d'eau... mais que du bonheur ! Au moins le leitmotiv est évident. En revanche, les objectifs le sont moins : on suit le couple sans but précis à part nous faire comprendre l'idée que je viens d'exprimer, du coup on sent à plusieurs reprises la difficulté de relancer la machine. Heureusement sur 10 ans (et 50 minutes) il s'en passe des choses : le mec est tombé malade une fois. Voilà. Sauf que les conflits ne sont jamais relevés : pas d'explosion, pas de rhumatisme, juste une scène rappelant qu’Alzheimer n'est pas très loin (ils ne savent plus quel jour c'est) mais bon, l'auteur coupe très vite après ça.
Ce qui m'embête aussi, c'est la vision des vieux que donne le film : les vieux sont des gentils innocents. Comme si, une fois qu'on arrive au bout de la vie, on n'est plus rien. Parce que j'ai vraiment du mal à croire que la vie de ces deux petits vieux soit si vide de sens, à s'en remettre uniquement au bon Dieu. J'ai une grand-mère de 80 et des ans, elle est très croyante, certaine elle aussi d'aller au Paradis, elle est toujours prête à rendre service, elle fait ce qu'il faut faire sans rechigner mais du peu que je la vois, je lui trouve aussi des défauts qui la rendent nettement plus attachante que ses croyances ! Et je pense que c'est pareil pour tout le monde, il n'y a pas que du bon quand on est vieux, on n'est pas dans un état second où le bonheur est dans chaque petite chose. C'est une image finalement pas si éloignée que ce que la religion veut nous faire gober d'après la mort : 'vous verrez, avant d'aller au paradis vous serez de gentils croûtons que tout le monde adore' ! On ne vous parle même pas de leur odeur de pipi, non, on va juste sourire en voyant combien ils ont rétrécit à force de vieillir.
Pour moi, la scène la plus forte, ou plutôt le plan le plus fort, c'est lorsqu'on vient chercher le corps de Rosa. Là, on trouve enfin un petit quelque chose à manger : le vieil homme confronté au corps de sa femme. Puis toute la procédure : les infirmiers arrivent, mettent le corps sur la civière et l'emballent proprement avant de quitter les lieux (en l'ayant tout de même sanglée au préalable). C'est LA scène du film. Après cela, on retrouve Hugo à l'église qui se poile et faire signe à tout le monde. 'Enfin débarrassé d'elle' devait-il se dire ou alors 'vous voyez, c'est moi qui ai gagné, je suis encore là et elle, elle est prête à nourri les vers !'. J'ai ri en voyant cela mais à nouveau il s'agit d'un des plans les plus marquant parce qu'enfin on a une réaction ou plutôt une situation (le vieil homme qui soit est déphasé soit n'est tout simplement pas atteint par la mort puisqu'ils l'attendaient tous deux depuis longtemps pressés qu'ils sont d'aller retrouver le paradis où ils sont certain d'avoir leur place). Le reste, c'est plat, c'est mou, c'est facile, mais là, on tient enfin quelque chose, une scène qui met en action ce qu'ils disent depuis le début mais aussi qui permet d'avoir un vrai éclairage sur le fond de leur pensée.
Niveau mise en scène, ça fonctionne. Bon, là aussi on sent bien que la narration est nulle, on retrouve donc toujours les mêmes plans pour faire transition (des plans de la maison ou des deux résidents). Le seul moment où je n'ai vraiment pas compris le réalisateur, c'est lorsqu'il utilise un mouvement de caméra ascendant pour montrer le corps de Hugo. Jusque là il s'était passé le plus possible du moindre effet dramatisant ou épique ou spectaculaire et puis là, on sait pas trop pourquoi, il nous fout ce mouvement qui 'na d'autre but que d'accentuer e côté dramatique de la situation. C'est vraiment dommage. Autre reproche, il ne filme pas assez la maison. On voit plein de bribes mais à aucun moment il ne nous la fait vraiment visiter. C'est simple je n'arrive pas à me visualiser l'état des lieux, je vois simplement des pièces les unes à côté des autres même pas forcément reliées par une porte. Mais bon, je pinaille, ce n'est pas non plus le plus important, mais comme je n'ai pas trouvé beaucoup à manger ailleurs, forcément, je suis un peu plus sévère sur les autres éléments qui constituent le film.
Bref, pas vraiment accroché. C'était pas inintéressant non plus mais je trouve que ça ne va pas très loin, que c'est très superficiel voire facile ; pour ma part j'attends d'un documentaire quelque chose d'un peu moins lisse, quelque chose filmé avec plus de distance ou tout ne serait pas que blanc (comme ici) ou noir (non y a même pas de noirs ici) mais plutôt rempli de valeurs de gris. Dommage.