Que, comme l'a dit Lynch, "8 1/2" soit "de nos jours indistribuable", cela ne fait aucun doute, tant il s'agit d'un film qui se positionne radicalement du côté de l'Art et non de l'Industrie. Et si les préoccupations de Fellini peuvent paraître a priori "nombrilistes" (c'est l’histoire de l’histoire d’un film, qui ne se fera peut-être jamais, à travers les états d’âme, les rêves et les obsessions de son metteur en scène, double affirmé de Fellini), la manière dont il arrive grâce à la forme éblouissante de son film à nous faire toucher les difficultés liées à l’acte de création artistique, mais aussi la récompense et la satisfaction que procure la création, est éblouissante. Pourtant, l'émotion qui se dégage in fine de "8 1/2" vient surtout de l'innocence et de l'absolue sincérité de l'analyse que Fellini réalise de son propre processus créatif, un tour de force que peu de cinéastes ont égalé depuis. [Critique écrite en 2002]