L'homme qui s'était égaré
Après l'excellent "The third man" je m'attendais à passer un autre grand moment. Malheureusement la magie n'a pas opéré à nouveau.
Ce polar m'a surtout intéressé pour l'aspect esthétique. De belles ombres, de beaux décors. Le découpage est rythmé, dynamique, efficace. Les scènes d'action sont bien filmées pour la plupart ; pas très convaincu par cet affrontement avec le policier qui sera le véritable élément déclencheur de l'intrigue, c'est un peu maladroit dans le montage, amis pour le reste c'est plus que correct. Les acteurs sont bons. Dommage que l'acteur principal ne devienne très vite plus que sa propre caricature, mais c'est dû à la pauvreté de son personnage.
Le scénario m'a déçu. En fait, les auteurs ont fait passer leur message avant la narration. Résultat des courses, il n'y a pas vraiment de personnage construit, ni même une structure solide derrière tout ça : les scènes s'enchaînent de manière décousue, prétextes à découvrir le petit peuple et la façon dont chacun tente de survivre. C'est sans doute beau socialement parlant parce qu'on parle du pauvre, mais c'est fort ennuyeux narrativement parlant, surtout que ça se rapproche le plus souvent du misérabilisme que de véritables conflits. Et c'est là que l'acteur devient une caricature de son personnage : n'ayant plus rien à dire, n'ayant plus qu'à jouer le martyr sans appui, ça tombe dans le cabotinage déplacé. Heureusement, pour contre-balancer, il y a quelques situations bien pensées ; cela permet d'épicer un peu le récit, sans pour autant parvenir au nirvana vu les lacunes dramaturgiques pré-citées.
Bref, "Odd man out" reste un polar intéressant, mais je regrette l'absence de construction de personnages pour donner plus de corps à cette histoire.