L'humanité sous le regard de l'amour, du pardon, de la simplicité. En soi, que de valeurs louables !
Je n'ai cependant pas eu l'impression de sentir justement ce qu'est l'humanité : une contradiction. Une éphéméride qui évolue, qui diverge de point de vue entre les personnes et au seins d'une même personne.
Si je ne suis pas d'accord pour résumer l'humanité à de la haine, de l'avidité et de la violence, je ne suis pas plus pour la raccourcir à ses valeurs "chrétiennes". Car oui, il y a un peu de ça au final. Même à l'autre bout du monde, on a gardé ce qu'il fallait d'occidental pour toucher la corde de son spectateur français.
Ce trait de réalité édulcoré et amélioré se voit aussi dans ses plans de paysages que je pense avoir été trafiqués bien plus que nécessaire. L'herbe est trop verte, la mer vu du ciel ressemble à une peinture japonaise. C'est beau, très beau. Mais ce n'est pas "vrai". Ce n'est pas réel. On est trop haut, trop loin des hommes, comme Dieu et pas comme un égal. Le documentaire laisse la place à quelque chose d'artistique que je trouve aussi réussi qu’inapproprié.
Je regrette aussi la version qui est disponible à la télévision et que j'ai trouvé en Replay car le doublage français supplante les mots étrangers. Non seulement on comprend plus rien à ce qu'ils racontent mais en plus la voix authentique du témoignage est détruite, de même que l'évasion linguistique. Ce doublage est une aberration.
Je n'ai pas encore fini de le regarder, ce n'est pas nécessaire de se farcir les 3h et je ne m'attends pas à un revirement particulier. C'est une monotonie attendue est nécessaire, séparée en thème assez classique. La guerre, l'amour, la vieillesse, l'homosexualité (qui n'a pas été rangé avec l'amour, il serait bête de finir par confondre les deux thèmes ... je vous laisse deviner l'ironie amère que je mets dans cette phrase.) et c'est à cette classification qu'on peut sentir le piège de "l'attrape couillon" du film. On est bien trop brossé dans le sens du poil, c'est trop lisse, tellement qu'un homme refusant la polygamie féminine car il est "jaloux" m'a donné l'impression d'être le dernier des cons alors qu'il n'avait rien dit de grave.
Peut-être que je me trompe, je reviendrai sur cette critique si jamais mais je ne pense pas.
En conclusion, j'hésite entre 6 et 7 car ce film est un peu comme ces comédies romantiques de noël : trop simple mais vivifiante, elles touchent une corde sensible qu'il est intéressant de titiller de temps à autre, particulièrement en ce moment où le repli sur soi et la peur de l'étranger nous poussent à des comportements égoïstes.
Toutefois, le politiquement correct et le tire-larme ne fait pas le génie, loin de là. Surtout quand on regarde la vie du réalisateur et ses financements, il y a un petit côté "regarde la souffrance et oublie là, tu as versé ta larme donc tu es bon avec ta conscience."
NB : si vous avez aimé le concept du film, je vous conseille le groupe facebook "human of new york" qui fait la même chose mais en prenant simplement des photos dans la rue. Certes c'est en anglais, beaucoup de témoignage sur une même ville mais pas que. Il y a un livre qui regroupe les témoignages, sûrement auto-publié, je ne suis pas sûre. Je trouve le concept bien mieux utilisé dans le groupe facebook que dans ce film.