Même si les intentions sont bonnes, "Human" dans sa version de 4h30 assomme et endort. Le projet était bien trop ambitieux, et les épaules de YAB trop frêles. Comme à son habitude, le réalisateur livre des images magnifiques, le souci n'est pas là. En revanche, il y a un problème flagrant de structure. Premièrement pour ne pas avoir su faire le tri dans les témoignages. Trop c'est trop, surtout quand la forme frise l'anémie (visages sur fond noir pendant tout le film). De là découle un autre souci, puisque YAB accorde très peu de temps à chaque intervenant. Il a beau les cadrer en gros plan, en pleurs parfois, l'émotion est froide, car l'empathie n'a pas le temps de naître.
Malgré l'apparent chapitrage par thèmes (l'amour, le travail...) "Human" donne donc l'impression d'un fourre-tout innommable, d'autant plus que le montage s'en mêle. Pourquoi insérer des plans aléatoires sur des visages pendant les témoignages ? Pourquoi entrecouper les prises de parole de séquences sans rapport avec ce qui est dit, si ce n'est pour la beauté du geste ou pour atteindre le bon quota de plans vus du ciel ?
Peut-être que la version TV, plus resserrée, efface ces quelques énormes défauts. Pour tout dire, je n'irai sans doute pas le vérifier, il faut avoir un courage qui me dépasse et une bonne réserve de caféine pour se replonger dans "Human" après s'être infligé plus de 4 heures sans réel propos. D'autres films se sont en tous cas déjà chargés avec bien plus de maîtrise de capter ce qui définit l'humanité aujourd'hui, à commencer par le couple "Baraka" / "Samsara". Avec un art du montage et de la cinématographie qui ne laissent pas place au doute.