Hunger games 2 : l’embrasement (excellent double sens, vous verrez le film) fait partie de ces nombreux romans à succès adaptés en série suite à un premier tome réussi, une méthode bien connue des maisons d’édition américaines pour faire des séries qui génèrent du pognon, citons en vrac Harry Potter, Percy Jackson, Twilight).
Justement, ces adaptations sont très inégales (quelquefois même au sein de la même série), le premier Hunger Games ne faisait pas exception à la règle avec un film correct avec un gros budget effets spéciaux, de l’action mais finalement assez peu de sentiments, de jeu d’acteurs, bref un film très quelconque que je n’avais pas vraiment apprécié.
C’est donc non sans une certaine appréhension que je me suis rendu dans mon cinéma préféré, une peur confortée par la salle noire du monde malgré le fait que la séance était celle de 22h00 en V.O (en gros, à Nice, c’est une séance à vingt personnes maximum dans la salle). Les premières minutes du film voyaient croître mon inquiétude à mesure que se déroulaient des scènes clichés, amour dans les bois, pressions du pouvoir corrompu, toutes des scènes tellement lisses que c’en était navrant. Kathniss prend donc le petit train de la propagande, traverse un tunnel…
Et c’est là que tout changea, lors de la première apparition du signe du geai moqueur. Le ton se durcit d’un coup. L’héroïne passe du statut d’adolescente rebelle à femme adulte en danger, prise dans l’œil du cyclone. Le film passe d’un film d’action potache à un satyre tantôt politique tantôt humain, mais toujours totalement juste. Les personnages rencontrés à partir de là deviennent convaincants. Ils ont des tares, ils ont peur, ils respirent l’humanité. C’est donc avec eux que Kathniss va avoir maille à partir et, je pense que c’est là le génie du film, va commencer à devenir une anti-héroïne à sa manière.
La justice, l’amitié, l’amour, ne sont plus les seules valeurs qui comptent à ses yeux. Elle souffre, et Jennifer Lawrence, que j’ai par ailleurs pu critiquer dans Happiness Therapy entre autres, nous en convainc à merveille. Lier une aventure exaltante avec une dimension psychologique accrue donne un équilibre parfait à tout le reste du film. Je vous demande donc d’oublier votre a priori positif ou négatif sur la série Hunger Games, cet opus est vraiment totalement différent du premier, pour mon grand plaisir a minima.
Si certains développements sont attendus, le film parvient malgré tout à nous tenir en haleine, évitant de tomber dans le routinier (je bats un monstre, il m’arrive un truc, un nouveau monstre apparaît, etc…). Si l’on se doute que des trahisons et des alliances auront lieu, il est difficile de les identifier à l’avance, ce qui est essentiel dans ce genre de films. Au final, je suis ressorti en me disant que j’avais très envie de connaître la suite des aventures de Hunger Games dès l’an prochain, et c’est bien là l’essentiel. La machine à pognon est en marche, mais je suis ravi d’y contribuer.
La moralité : Pour réussir une grande saga (ce qu’à mon sens Harry Potter a réussi mais Twilight totalement raté), il faut réussir à présenter à l’écran ce qu’il y a de fantastique dans le roman, pour faire rêver, évidemment, mais aussi réussir à recréer les douleurs des personnages, les raisons qui les poussent à se battre, les doutes qui les rongent. Hunger Games avait raté le coche mais s’est très bien repris, j’espère que cet état d’esprit continuera.
La mention du critique : A Jennifer Lawrence, que j’étais le premier à descendre comme un crevard quand elle a obtenu l’Oscar de la meilleure actrice pour une prestation que j’avais trouvé tout juste convenable. On voit qu’elle se complait à jouer les sentiments, son regard exprime beaucoup de choses, elle se salit les mains à pas mal de reprises, et elle ne s’effondre pas devant le poids du film. Elle ne l’aura pas mais c’est une belle copie qui pourrait valoir un second Oscar.