Corrige les défauts du premier film. Très bon!
Avec cette suite, les gens cesseront enfin de voir les films de comme de pâles copies de Battle royale pour enfin constater que le thème de l’histoire c’est la lutte contre le Capitole, le combat pour la liberté et non la violence des jeux en elle-même. Les détracteurs du premier qui lui reprochaient de ne pas traiter convenablement l’impact psychologique de la violence et un aspect trop édulcorés seront satisfaits, car dès le début on découvre une Katniss tourmentée par le tournoi, les morts qu’elle a du causée ou dont elle fut le témoin impuissante.
La situation a changée. Ceux qui apparaissent odieux s’avèrent des alliés inattendus. Même Effie, ridicule et futile à l’image de la population du Capitole, montre un côté attachant qu’il n’est plus possible de la détester. En voulant à tout prix apaiser les tensions, Snow n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu en provoquant une nouvelle infamie lorsqu’il a décidé de renvoyer d’anciens survivants affronter de nouveau l’enfer de l’arène, forçant ses derniers, ainsi que leurs districts d’origine, à s’unir.
Katniss n’est pas une héroïne, elle ne cherche pas à se battre pour libérer Panem de l’oppresseur, juste survivre et sauver ses proches, mais qui pourrait le lui reprocher ? Elle est ainsi tiraillée entre ses responsabilités de symbole de la rébellion malgré elle, et la menace qui pèse sur les siens à cause de ses agissements. La révolte gronde, sous le ralliement du sifflement du geai moqueur, et le Capitole devient plus menaçant. Un dilemme insoutenable, particulièrement fort durant la tournée des districts. Déployant ses véhicules et ses soldats, matant dans le sang toute rébellion, cette suite est indéniablement plus sombre que la précédente. Si quelqu’un ose encore comparer à Twilight ou Harry Potter, c’est vraiment de la mauvaise foi… Ce n’est pas un univers fantastique, dans tous les sens du terme, avec ce qu’il faut de danger pour amener les héros à se surpasser. Ici le monde est cauchemardesque et les héros sont humains, faillibles mais forcés de s’endurcir. Le sang n’est pas montré mais les morts s’accumulent, et pas seulement au cours des jeux…
Plus encore que dans le premier, la télé réalité apparait comme étant un moyen de manipulation des foules, qui ne veulent que « du divertissement pour oublier leurs vraies problèmes ». Le contraste est encore plus marqué entre l’horreur de l’arène et les plateaux colorés de l’émission. Mais cette fois le contrôle médiatique des foules s’est retourné contre le tyran.
Le danger, la tension est palpable tout au long du film, ce qui rend les passages de « Katnip » avec ses proches chargés d’émotions. Avec sa sœur, qui l’enjoint de ne plus chercher à les protéger ; avec Gale, dont la relation est impossible ; avec Peeta, dont une profonde affection naît malgré des sentiments non partagés. Comme dans le livre, j’ai été ému lorsque ce dernier l’a rejoint dans son lit pour la rassurer. Aucun aspect gnangnan, là la mort est toute proche, Katniss a d’autres choses à faire que de décider qui embrasser. Même l’arène est encore plus oppressante, avec sa jungle suffocante et ses pièges cachés, et particulièrement retors. Pas de caméra tremblotante cette fois (autre reproche adressé au premier film), les combats envoient du lourd, la fuite et la menace des dangers susceptibles de survenir à tout moment sous des formes divers assurent un bon spectacle digne d’un bon film d’action.
La réalisation n’était déjà pas mauvaise dans le premier, là elle est carrément très bonne, que ce soit donc au niveau des scènes intimistes, de l’action ou des décors, de l’arène comme des bâtiments du Capitole, rappelant les jeux du cirque de l’empire romain. Un changement de réalisateur appréciable.
Et pour finir avec cette note très positive, l’adaptation est très fidèle. Quelques passages ont (inévitablement) été enlevés, comme l’adaptation de la vie dans le district 12 avec l’arrivée de nouveaux Pacificateurs, où la rencontre avec des réfugiés, mais aucun oubli important cette fois.
Plus intense, plus émouvant, plus sombre, renforcé par la bande son discrète, « Hunger games : l’embrasement » est une réussite, tant au niveau de l’adaptation, de la mise en scène que du jeu des acteurs. Une très bonne adaptation, qui ne se contente pas de bâcler le livre d’origine pour surfer sur sa popularité. Un film qui dépasse amplement l’étiquette d’adaptation de livre pour ados qu’on lui colle injustement.