Parmi le florilège impressionnant de films sortant en novembre 2023 se cachait un film dont je n'avais, je l'avoue, aucun intérêt à aller le voir. Du moins, avant que les premiers retours soient positifs ! En réalité, je ne tiens pas en disgrâce la saga Hunger Games : j'apprécie d'ailleurs particulièrement le second volet de la franchise. En partie parce que j'avais, à l'époque (je n'ai pas revu le film depuis de nombreuses années, je me fie à mes souvenirs), bien accroché à la mise en scène de Francis Lawrence, qui rempile derrière la caméra pour ce prequel. Je me suis donc décidé à aller dans les salles obscures pour ce nouveau volet de la franchise : après tout, pourquoi pas ?
Suzanne Collins a écrit ce prequel il y a de ça quelques années, en ayant à l'esprit qu'il allait être de ce pas porté à l'écran. Les producteurs ne souhaitaient pas commander un film spin-off inutile, et ont donc confié logiquement la mission à l'auteure. Ainsi, le film se justifie dès lors beaucoup plus. Pourtant, La ballade du serpent et de l'oiseau chanteur est un énième spin-off inutile, qui ne raconte rien d'intéressant sur la jeunesse de Snow, grand méchant de la saga originale.
Le film ne raconte rien. Séparé en trois actes (c'est dorénavant une vilaine manie de diviser un film en plusieurs chapitres écrits à l'écran, comme si le spectateur était trop idiot pour comprendre les ellipses ou pour se faire une idée des enjeux qui changent - ça cache en réalité le plus souvent un manque de consistance -), le film n'arrive jamais à intéresser. Le problème des prequels, c'est qu'il faut s'assurer de raconter une histoire originale en lien avec la saga. Ici, on sait ce qu'il va advenir de Snow, et le seul enjeu est de comprendre comment il en est arrivé là. Spoiler alert : c'est vain.
Les deux premiers chapitres du film sont faibles en décors et en gestion d'intrigue. Les décors sont fades, trop sombres, et beaucoup trop répétitifs (le capitole est dépeint seulement par cette statue sur un rond point, puis c'est une succession de scènes dans l'arène, dans un zoo, chez Snow, dans la salle de l'université et chez Viola Davis). Comme l'impression de voir un film avec très peu de budget, qui montre très peu du monde de Palem, là où le premier Hunger Games faisait très fort dans l'introduction de l'univers. Tout fait très cheap, et surtout tout va très vite. C'est assez paradoxal, mais très révélateur de la nouvelle mode hollywoodienne : les deux premières parties se déroulent en quelques jours seulement et pourtant il se passe ~1h30 de film. C'est trop peu de temps (fictif) pour apprendre à connaître ou à apprécier Snow et Lucy Gray, ainsi que leur relation. Et ce n'est pas aidé par l'écriture de Lucy Gray, malheureusement. Ni celles des personnages interprétés par Peter Dinklage et Viola Davis, qui livrent deux affreuses prestations.
Le troisième chapitre est dès lors plus engageant : plus d'idées, des décors ouverts assez beaux, et une écriture un peu plus subtile. Mais c'est malheureusement trop tard, et surtout toujours vain : on sait comment tout va finir, et on s'en fout. Merci toutefois à Rachel Zegler pour les belles prestations musicales, qui embellissent le film.
En bref, contrairement à ce qui faisait de la force de la saga originale, ce prequel ne s'intéresse pas assez à la profondeur de ses personnages, ni à leurs motivations. Et ce n'est pas la mise en scène de Francis Lawrence qui va aider quoi que ce soit - les décors sont pauvres, les créations visuelles sont faibles, les scènes de l'arène sont étrangement peu étouffantes -.