Personne ne l’avait demandé, mais nous voilà avec ce spin-off de la saga “Hunger Games” qui s’est terminé en 2015. Venant s’attarder sur le personnage de Coriolanus Snow, l’antagoniste principal de la saga originelle, ici donc, nous allons plonger dans sa jeunesse et son ascension dans un Panem en reconstruction, dix ans après la rébellion qui donnera naissance au fameux jeu barbare. Adaptation du roman de Suzanne Collins, et qui marque le retour de Francis Lawrence, qui avait opéré sur les quatre derniers opus de la première saga. Est-ce un spin-off réussi, ou une nouvelle tentative ratée de capitaliser sur une franchise à succès ?
“Hungers Games: la Ballade du Serpent et de l’Oiseau Chanteur” est une assez bonne surprise ! Malgré des défauts dans son scénario, ou encore dans la caractérisation de son personnage féminin... Le métrage reste tout de même agréable, avec une direction artistique travaillée, des effets visuels réussis et une mise en scène qui porte quelques idées... Nous allons suivre un blockbuster qui tente d’aller plus loin que son simple rôle de divertissement !
Car si l’on pouvait craindre que cet opus ne vienne simplement capitaliser sur le succès passé de sa saga, on ne pourrait être que soulager de voir qu’il va réussir un exercice compliqué: comment étendre un univers de manière cohérente ? En apportant un vent frais, sans trahir ce qui a été construit ?
Un exercice où beaucoup on pu se casse les dents, mais où le métrage va y apporter un vent frais. En nous plongeant dans la cruauté de la guerre, puis la montée vers le totalitarisme de manière insidieuse... Se rendant au final, peut-être bien plus inhumain que les films précédents.
Que ce soit en nous plongeant dès sa première scène dans un Capitole dévasté, avec une belle démonstration de découpage boucher. Le film possède de belles scènes dans sa globalité ! Que ce soit une scène d’explosion où la caméra tournoie sur 360 degrés, où le risque technique est relevé ! La mise en scène se permet de mettre en pratique ses idées, et c’est plutôt réussi. Profitant également d’une direction artistique soignée, nous sommes plongés dans un Panem rétro-futuriste qui permet de mettre en lumière une société du spectacle, telle une télé-réalité effrayante qui fait étrangement écho avec ce que nous pouvons vivre. En prenant le point de vue de Snow, le métrage vient nous montrer à quel point il peut être facile de basculer vers la haine, la tyrannie.
Comment un jeune homme souhaitant s’élever de cette aristocratie, le récit nous emmène dans les mécanismes insidieux qui mènent vers les dérives dictatoriales. En venant faire un enchaînement de choix moralement douteux qui va le mener à un changement idéologique assez bien amené, c’est le spectateur qui est mal à l’aise. Et cet arc narratif plutôt intéressant qu’il n’y paraît est notamment porté par le jeune Tom Blyth, en jeune Coriolanus Snow ultra convaincant !
Autour de lui, vont graviter deux têtes bien connues : d’un côté, Peter Dinklage, dans un rôle de simili-Tyrion assez plaisant, montrant qu’il reste bien un acteur au jeu convaincant. Et de l’autre côté, Viola Davis, en génie totalitaire absolument géniale. Venant donc donner de la matière à ce spin-off, c’est ce trio de personnages qui va vraiment faire briller le tout. Car sur d’autres points, hélas, le métrage n’est pas exempt de défauts...
À commencer par le personnage de Lucy Gray, avec une écriture et une direction assez bancale. Ne servant principalement qu’à faire des échos assez lourds à la saga, en enchaînant des scènes chantées assez inutiles et mal placées. On ne peut que regretter que Rachel Zegler soit aussi mal dirigée, avec ce personnage mal écrit et manquant cruellement de profondeur. Venant de fait, anéantir toute crédibilité de romance entre elle et Snow, leur relation étant assez superficielle, et assez mal construite.
Plus globalement, on sent que le récit d’origine, en trois parties également, se révèle plutôt dense. Au final, nous enchaînons le tout un peu à la vitesse de l’éclair, avec notamment une dernière partie au rythme bien inégal, nous laissant un peu perplexe. Bien que l’ensemble se suive sans déplaisir, le récit se trouve coincé par sa temporalité et sa segmentation. Alors que la saga originelle avait tendance à dilater un récit qui n’en avait pas besoin, ici, c’est bien l’inverse!
Au final, “Hunger Games : la Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur” est un spin-off plutôt réussi, en parvenant à étendre son univers tout en restant cohérent avec les bases déjà posées. C’est un vent frais sur le blockbuster, avec une réalisation plutôt efficace, une belle direction artistique qui tente d faire un parallèle avec notre actualité... Un métrage qui remplit sa fonction de divertissement, malgré une narration inégale et un manque de caractérisation qui fait craquer le moule. Mais nous voilà face à un bon divertissement, avec un trio d’acteurs plaisants, avec un sous-texte politique qui montre qu’on peut faire un blockbuster, tout en essayant de porter un message, même si c’est encore imparfait ici.