L'un des succès récents de Netflix est à mes yeux un beau ratage, malgré son point de départ original et prometteur.
Rosamund Pike incarne un escroc immoral qui profite du système judiciaire, en multipliant les tutelles abusives sur des personnes âgées, qu'elle spolie ensuite sans vergogne (tout en restant soi-disant dans le cadre de la légalité).
La longue introduction qui nous présente le fonctionnement de cette arnaque lance plutôt bien le film, dans le sens où le spectateur est pris par le sentiment d'injustice, et veut connaître la suite.
Sauf que dès le départ, le système corrompu décrit par le réalisateur J Blakeson n'est pas crédible : tout apparaît beaucoup trop facile. L'héroïne tombe toujours sur le même juge crédule, les médecins sont tous impliqués, les victimes ne peuvent pas se défendre...
Je ne doute pas que le système judiciaire américain présente des failles, mais à ce point-là ça en devient grotesque.
De manière générale, rien n'apparaît plausible dans "I Care a Lot" : une petite juriste girl power ne craint personne et affronte seule une bande de mafieux russes sanguinaires, lesquels sont d'ailleurs très caricaturaux voire carrément débiles (sous influence frères Coen).
Sous prétexte que le ton est à la comédie noire, tout devient donc possible, y compris les situations les plus outrancières et les péripéties les plus invraisemblables.
Alors certes, on est dans le registre du pur divertissement, il ne fallait pas attendre un film réaliste, mais je trouve que le sujet ne s'y prête pas, et méritait un meilleur traitement. Cette question des tutelles recelait en effet nombre de problématiques éthiques et sociétales, qui bien sûr ne seront jamais traitées dans le film, le réalisateur préférant miser sur le thriller lambda.
En prime, après nous avoir présenté son héroïne comme une ordure irrécupérable dépouillant des petits vieux sans défense, le réalisateur s'imagine que le spectateur va ensuite prendre son parti contre les mafieux, sous prétexte que... que quoi en fait? Que c'est une femme, indépendante, lesbienne, ça suffit désormais comme argument? Bah non, moi je la déteste toujours, la Rosamund, et j'ai pas du tout envie que le film me place en empathie avec elle.
Apparemment, une réalisation efficace et une Rosamund Pike en pleine forme auront donc suffi à satisfaire une majorité de téléspectateurs.
Je le regrette, car "I Care a Lot" est tout sauf un bon film.