Mais où sont passés Les Goonies, L’histoire sans fin ou E.T. ? Ces films où enfants et adolescents étaient rois, avaient le pouvoir absolu, et permettaient à tous les kids de se projeter dans des univers où imagination était le maitre mot. Nous avons certes de temps à autres des bobines qui rejoignent cet esprit, comme Le secret de Térabithia, l’assez discret Zathura, ou encore le magnifique Son of Rambow, et hormis ce dernier, aucun autre ne vous prend autant aux tripes que I Declare War.
I Declare War c’est un film sur le croisement de l’âge pubère et celui de l’âge adulte, métaphore de la guerre, sa cruauté, sa stratégie, la trahison, tout cela sous les trais de visages enfantins. Une manière subtile d’atteindre deux publics, car sa première lecture, réservée aux plus jeunes, leur offre ce que tous ont déjà fait, jouer à la guerre dans la forêt, armés de bouts de bois tout en s’imaginant que ce sont des AK-47 ou carrément des lances-roquettes. D’ailleurs même cette lecture n’est pas dédiée qu’aux plus jeunes puisqu’elle réveille inévitablement la fibre nostalgique, celle où l’on allait faire exactement la même chose en forêt, après avoir vu Apocalypse Now ou Commando.
Est-ce suffisant pour faire un grand film ? Non, évidemment que non, il ne suffit pas de coller des mômes dans la brousse et les faire se tirer dessus pour remplir une pellicule d’une heure et demie, et c’est encore une fois que I Declare War montre une autre partie de son potentiel, un des kids du groupe des « méchants » se mutine (un grassouillet teigneux, sorte de Kim Jong-Il), « tue » son supérieur et décide de mener la guerre à sa manière, de façon cruelle, fourbe, ne respectant pas les règles imposées par le jeu, des éléments créants une véritable trame, nous faisant oublier par moment que ce ne sont que des enfants, offrant réellement un film de guerre où stratégie et sang-froid sont indispensables pour remporter la victoire.
Ajoutons à cela une autre idée brillante, incorporer une fille (interprétée par la très prometteuse Mackenzie Munro), celle que l’on a tous connue, celle qui veut jouer à la guerre avec nous car elle aime en secret l’un des membres du groupes; ça déborde de vécu, encore une raison supplémentaire de s’y plonger, retomber en enfance et apprécier une aventure enfantine comme on avait pu le faire dans les années 80.
Le mince regret que l’on pourrait avoir serait que l’action est un poil en dessous de nos attentes, la bande-annonce les surexposant, mais tout le monde sait aussi que les films de guerre où ça tire le plus sont ceux qui sont souvent les plus creux. Malgré tout les scènes d’action sont rondement menées et bluffantes au point de nous faire jubiler comme un marmot, et cela sans compter l’humour qui est également très présent.
Toujours dans une optique nostalgique, et le pourquoi du nombre limité de scènes d’action, les dialogues ont une importance primordiale, que ça soit dans le monde imaginaire (dialogues militaires) et le monde réel (amitiés qui se créent, partages de blessures d’enfant…) qui s’alternent assez souvent, véritable casse-tête de mise en scène car les jeunes acteurs doivent avoir respectivement une véritable arme puis un fusil en plastique ou un bout de bois. Casse-tête qui n’a d’ailleurs pas pour autant empêché le duo de réalisateurs Jason Lapeyre et Robert Wilson à diriger leur petite troupe toujours criante de vérité.
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