Ne déviant pas d’un pouce de la veine sociale de leur cinéma, les grolandais Benoît Delépine et Gustave Kervern, livre avec I Feel Good un film piquant et engagé qui égratigne (et un peu plus) la startup nation.
A travers le personnage de Jacques, quinqua fauché bas du front persuadé d’avoir un destin à la Bill Gates, ils pourfendent le capitalisme, la société de consommation et ses travers, sans beaucoup de nuance mais beaucoup de conviction. I Feel Good repose ainsi essentiellement sur Jacques, son arrogance, son égoïsme, sa bêtise crasse et sa foi inébranlable en un avenir glorieux, persuadé qu’une seule bonne idée, SA bonne idée, le rendra riche et l’élèvera au-dessus des médiocres sans ambition qui l’entourent. Une cible un peu trop facile à tacler pour conférer au film une portée et un message politique significatif mais I Feel Good n’en demeure pas moins une bonne comédie sociale. L’énergie et l’abattage comique de Dujardin sont inattaquables, bien qu’il soit régulièrement à la limite du surjeu et le couple frère/sœur qu’il compose avec Yolande Moreau (égale à elle-même, elle ne joue qu’un rôle, mais elle le fait bien), fonctionne. Mais le film souffre d’une mise en scène quelconque et d’un rythme laborieux qui le pénalise lourdement.
A défaut d’un brûlot politique, I Feel Good se révèle être une fable un peu simpliste mais sincère et généreuse. La bienveillance et la tendresse avec lesquelles les réalisateurs couvent leurs personnages marginaux touchent.