Je n'aime pas Dujardin, il m'agace malgré ses films les moins connus où il brille (Le bruit des glaçons...entre autres). Le voir tourner dans un film grolandais relevait de la curiosité. J'ai apprécié le propos et le tandem qu'il forme avec Yolande Moreau, aussi lunaire qu'à l'habitude (cela semble être son seul registre).
Beauf libéral frappé de psychose, il cherche à fourguer du relookage low cost à des compagnons d'Emmaüs plus vrais que nature, tellement que ce sont d'authentiques compagnons d'Emmaüs. D'où quelques scènes sidérantes où on ne sait trop si on doit rire ou s'offusquer, où l'oscarisé de service se trouve aux prises avec des mecs venus de la rue, à demi barges, démolis, contraste un brin gênant.
La scène de la réunion dans le wagon désaffectée m'a fait penser aux interminables monologues macroniens lors des AG qui ont succédé au mouvement des Gilets-Jaunes. Jusqu'à la voix qui est macronienne (j'ai fermé les yeux un moment, c'était stupéfiant). Le verbiage de l'escroc qui veut te fourguer sa daube en vente directe, que tu achètes pour bosser.
Puis tout ce beau monde part en Bulgarie, non ! en Roumanie, m'enfin, c'est à côté. A bord d'un semi-remorque hâtivement transformé en cabine de jet où entre deux crises délirantes, le businessman offre à ses passagers du vin blanc tiré de boîtes de maquereaux low cost.
On s'entasse dans une limo soudée au chalumeau à partir de deux ou trois épaves de Dacia Logan et pas fini de peindre, et voilà la clinique salutaire où vont s'opérer les transformations esthétiques de ce pathétique cénacle qui se demande ce qu'il fout là.
Et qui se ravise.
La fin est succulente. Le film est visible en ce moment sur le site de Arte et sur YouTube.
Je n'y ai pas vu de message politique mais une grosse déconnade dans l'air du temps : celui de la décomposition du grand mythe libéral façon école de Chicago.
A suivre...