I’m your Man est une romance plutôt bien sentie, mêlant agréablement science-fiction et sentiments. Lauréat de l’Ours d’argent de la meilleure performance.
Aujourd’hui, de nombreux amoureux le sont grâce aux algorithmes des applications de rencontres qui proposent des profils de partenaires correspondant le mieux possible aux attentes des utilisateurs. La réalisatrice Maria Schrader pousse ce concept encore plus loin. Dans son film, une firme produit des androïdes programmés pour répondre aux critères de 93 % des femmes allemandes. Alma (Maren Eggert), chercheuse au musée du Pergamon, est chargée d’en tester un, Tom (Dan Stevens), afin d’établir un rapport pour une commission d’éthique. Ainsi débute un long questionnement sur la nature de ce robot et de ses propres sentiments.
Cette comédie romantique s’appuie habilement sur les tourments impliquant simulacre d’identité et de sentiments, chers à Philip K. Dick ou Isaac Asimov. La mécanique humoristique reposant sur les légers déphasages de ces androïdes avec la réalité est certes un peu facile et théâtrale. On se surprend à repenser à Her de Spike Jonze, qui parvenait à créer un sentiment pour une entité dématérialisée, réduite à une simple voix. On est loin de ce tour de force. Dans I’m your Man, les ficelles sont plus grosses : l’opposition initiale entre ce toyboy naïf et cette scientifique désabusée est un peu forcée, artificielle. Heureusement, grâce au talent des comédiens Dan Stevens et Maren Eggert (récompensée par l’Ours d’argent de la meilleure performance), le film finit part transcender cette mécanique un peu poussive pour devenir sincèrement touchant et surtout intelligent dans sa manière de (ne pas ?) prendre position sur la moralité des questions qu’il soulève. C’est aussi l’occasion d’une belle ballade dans un Berlin qui manque terriblement à cette 71ème Berlinale, elle aussi virtuelle.