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I want to be a soldier nous raconte l'histoire d'Alex (ce nom n'a pas été choisi par hasard, croyez-moi), un enfant de 8 ans avec une tête d'ange, choyé par ses parents et rêvant de devenir astronaute. Tout va bien dans le meilleur des mondes, jusqu'au jour où les parents d'Alex acceptent qu'il ait une télévision dans sa chambre, transformant ainsi cette petite tête blonde en psychopathe odieux et irrespectueux, fasciné par la guerre et la violence.
Un sujet donc intéressant qu'est l'impact de la violence omniprésente de notre société actuelle sur les jeunes cerveaux, mais qui est très maladroitement abordé par son réalisateur. En voulant trop marquer les consciences et choquer les téléspectateurs pour mieux les convaincre, Christian Molina en devient totalement excessif dans ses propos. Il passe d'un extrême à l'autre, d'un ton moralisateur et fallacieusement ironique, rendant l'histoire peu crédible voire ridicule.
La première partie du film est ennuyeuse. Elle nous dépeint une petite famille modèle, heureuse et totalement niaise, à laquelle on a beaucoup de mal à s'identifier ou à s'attacher.
Puis, arrive la télévision pour faire prendre conscience à Alex que "être gentil, ça sert à rien!". L'occasion pour le réalisateur d'enfoncer des portes ouvertes en ce qui concerne les origines de la délinquance juvénile, sans même nous épargner un bref couplet sur les jeux vidéo. Loin de moi l'idée qu'un enfant de cet âge est totalement hermétique à ce qu'il peut entendre ou voir autour de lui, mais un peu plus de subtilité et d'objectivité auraient été bénéfiques au développement de cette analyse trop binaire du problème.
Enfin, après une ellipse de deux ans pour mieux marquer les contrastes, la seconde partie du film nous montre les conséquences totalement démesurées de cette télévision sur le comportement de l'enfant, qui se répercuteront sur tout son entourage. Alex a alors 10 ans, il a délaissé son costume d'astronaute pour des rangers et une tenue de camouflage. Maintenant, il tue des gentils poussins, tabasse ses camarades, fume des joints, insulte ses parents, essaie d'assassiner ses frère et sœur, et j'en passe.
La non crédibilité du film est poussée à l'extrême au travers des personnages des parents d'Alex, d'une énervante laxité et volontairement dénués de tout sens des responsabilités et de l'éducation. Ceux-ci ne s'alarment par exemple pas de voir leur fils de 10 ans se raser la tête en gueulant "SIR, YES SIR!!" tout seul dans sa chambre, après avoir affiché aux murs des drapeaux nazis et autres posters à l'effigie des soldats SS. Mais bon, après tout, pourquoi pas...
Ajoutez à tout ce chaos des références et clins d’œil bien lourdingues et très peu subtiles à Orange Mécanique, Full Metal Jacket ou encore Apocalypse Now. On se serait par exemple volontiers passés du "J'adore l'odeur du Napalm au matin." du gamin en sentant un toast grillé (réplique répétée 2 fois dans le film!).
Seuls points positifs qui permettent d'éviter la note minimale : des musiques parfois bien choisies et une mise en scène vraiment recherchée, qui comporte son lot de bonnes idées et témoigne d'une très bonne maîtrise du réalisateur de ce point de vue. Mais ça ne suffit pas à sauver totalement le film.
En somme, Christian Molina nous offre avec I want to be a soldier un film déséquilibré, habile sur la forme, mais très maladroit sur le fond.