Ce documentaire se présente comme le récit d’une expérience, en soi passionnante pour qui suit le cyclisme depuis longtemps : est-ce qu’en faisant appel à une sommité incontestable ès dopage, Bryan Fogel, cyclosportif de très bon niveau, pourra améliorer d’une année sur l’autre son classement sur une épreuve totalement dingue, la Haute route, soit une semaine à grimper les cols les plus durs de France.
Malgré tout ce qu’il s’injecte, ça ne semble pas concluant, le bon bourrin n’a peut-être pas le capital génétique pour se faire cheval de course. Cela dit, on s’en fout, on n’en parlera plus au bout d’une demi-heure.
Un lien s’est créé avec son dopeur russe, qu’il va d’un seul coup aider à échapper aux services secrets de Poutine. Invraisemblable mais vrai, et ça devient haletant comme un thriller.
Le personnage en question, Rodchenkov, se fait soudain lanceur d’alerte, et dénonce la tricherie monumentale du sport russe aux Jeux olympiques.
Le coup du documentaire qui change de sujet en cours de route ! C’est un peu comme si dans Supersize me Morgan Spurlock, du jour au lendemain, hébergeait Ronald MacDonald chez lui pour l’exfiltrer à Cuba.
Mais c’est tout sauf dérisoire : le type risque sa peau, par extension le réalisateur prend des risques considérables pour quelqu’un qu’il ne connaissait que par Skype, depuis quelque mois seulement.
À l’arrivée, j’ai été assez estomaqué par ce que j’ai vu, peut-être que vous serez aussi impressionné que moi par la nature du truc, qui sait.
Scoop : les athlètes russes ont pu continuer à participer aux Jeux, sans contrôles positifs mais dopés jusqu’aux yeux. Et en totale impunité, grâce aux machinations du FSB, et de manière évidente par ordre de Poutine.
Lequel n’avait pourtant pas encore dévoilé toute l’étendue de sa folie d’autocrate.
L’esprit nationaliste mis en œuvre dans le sport devient en définitive le sujet central du documentaire parti sur les chapeaux de roue sur un sujet beaucoup plus anecdotique que la valeur de la vie dans une dictature.
Et, parallèle glaçant, l’on en vient avec le recul de quelques année à se dire que les Jeux de Sotchi auront été, comme ceux de Berlin en 1936, un jalon vers la guerre.