Anna est une jeune nonne polonaise qui, à l'aube de la cérémonie où elle doit prononcer ses vœux, découvre qu'elle a des origines juives. Elle part donc sur les traces de ses parents, accompagnée de sa tante, dernier membre existant de sa famille. Cela pourrait paraître, à tord, un scénario assez classique : une jeune fille à la recherche de ses parents accompagnée d'un personnage avec qui elle se trouve en situation d'antagonisme profond. En effet, sa tante est procureur soviétique, vivant dans la débauche pour oublier la mort de sa sœur, exécrant la religion et tout ce qui s'y rattache. Le conflit est donc inévitable entre cette femme brisée et cette jeune fille pieuse. Si Wanda Gruz souffrait déjà de la mort de sa sœur, le fait que sa nièce souhaite s'engager dans les ordres lui est intolérable. Pour elle, Anna gâche sa vie, passant à côté de beaucoup choses à cause de son enfermement. Mais c'est sûrement aussi parce qu'elle considère la religion comme responsable de la mort de sa sœur et que l'idée que sa nièce, qui ressemble tant à la défunte, reste loin d'elle contribue à son malheur jusqu'au dénouement final.
Outre son apparence tout à fait singulière (je ne me souviens pas avoir vu de films en noir et blanc depuis The Artist), il est construit avec la précision d'une pièce tragique de Racine même si l'idée de fatalité est moins présente.