Alice n'a pas toujours été Alice. Neuf fois elle a refait sa vie, usant de la facilité qu'elle s'est trouvée à couper les ponts et poursuivre à chaque fois de nouvelles passions. Quand on la démasque, elle est rejetée, mais la question est posée : ne l'accepte-t-on pas du fait qu'elle doit se dissimuler et donc mentir, ou bien par jalousie et par peur de cette femme qui semble savoir tout faire ? Lui voit-on un don parce qu'il nous est impensable de faire de même, ou est-ce vraiment impossible ?
Je pense que c'est le fait d'avoir accroché à cette facette un peu philosophique qui me permet l'indulgence. L'emphase n'est pas bien mise sur pourquoi elle a cette impulsion de changement, ni comment elle peut si bien s'y prendre et pour autant devoir tout cacher à ses proches au point de les blesser. Il ne faut pas rater le coche, pour ainsi dire : il y a une fenêtre bien étroite par où rentrer dans le film.
Un peu comme The Man From Earth, Identities compte sur le fait que son univers intérieur sera suffisamment étonnant pour permettre la suspension de l'incrédulité à travers tous les obstacles. Et malgré le captivant bloc de mystère que Shannon figure comme à son habitude et l'interprétation à la fois confiante et discrète de Rachel Weisz qui nous laisse combler certains trous avec notre imagination… c'est un peu juste.
→ Quantième Art