If a été tourné entre 1968 et 1969 et ce n'est donc pas un hasard si c'est une référence pour la génération des hippies et des soixante-huitards.
Il a d'ailleurs la palme d'or à Cannes en 1969, surfant sur la vague du cinéma rebelle des ces années là, mais à sa sortie en Angleterre, il a déclenché un scandale et a failli être interdit.
Le réalisateur Lindsay Anderson a en effet décidé de s'attaquer aux mœurs et aux institutions anglaises rigides, hypocrites et perverses qui assaillent l'organisation des collèges.
Le film relate l'histoire d'un collège anglais où tous les élèves sont en uniforme et doivent obéir à des règles strictes et souvent dégradantes et humiliantes.
Une sorte de caste d'élèves âgés privilégiés, ou d'anciens élèves jouant le rôle de surveillants, passe son temps à humilier les plus jeunes ou les élèves les plus rebelles, cherchant à les asservir.
Certains professeurs ne sont pas en reste, notamment le père religieux, qui n'hésite pas à frapper ses élèves les plus jeunes pendant les cours, au moindre prétexte.
Tout est sous contrôle dans cette institution. Même les moments les plus intimes comme la douche ou le coucher sont surveillés.
Les élèves les plus jeunes sont sommés dès leur arrivée de se plier au règlement et d'apprendre les règles et coutumes de ce milieu très spécifique. S'ils ne s'intègrent pas bien ou respectent mal la discipline inhérente à ce collège, ils risquent de se faire châtier par les surveillants.
S'ils sont "mignons", ils seront peut-être choisis par ces mêmes personnages cyniques et odieux, pour les servir tels des domestiques, ou pire, pour satisfaire leurs besoins sexuels.
La perversité du système est à son comble. Les bourreaux n’ont aucun remord par rapport à leur actes. Ils considèrent même cette initiation sexuelle comme une faveur particulière dans le parcours initiatique des jeunes élèves dans l’institution. Ils sont de toute façon concentrés sur leur plaisir égoïste, faisant fi du mal qu'ils font aux plus jeunes.
Une petite équipe d'élèves plus âgés, en classe de Terminale, est parvenue cependant à se préserver quelques espaces de liberté, dont une minuscule chambre où ils se livrent en cachette à quelques plaisirs interdits, tels boire de l'alcool, rêver sur des photos de femmes nues, imaginer leur vie future loin des normes de cet établissement etc.. L’attrait du fruit défendu est compulsif, c'est bien connu.
Le film est divisé en plusieurs parties distinctes séparées par des chapitres qui montrent petit à petit la tension croissante palpable et malsaine.
Le film affiche clairement sa pensée, celle qui affirme qu'un système si répressif, qui interdit tous les plaisirs, qui abuse des pouvoirs, qui humilie finit par exploser.
Les scènes de l'échappatoire de Mick et de son ami,Johnny, montrent ce que la jeunesse peut faire en dehors de cette quasi prison qu'est le college, et les aspirations à la liberté de ces jeunes hommes.
La rencontre avec la jeune fille dans le café donne la première longue scène de nu frontal (féminin) à être autorisée par la Commission Britannique de classification de films. Il parait que pour obtenir cette autorisation, le réalisateur a consenti à supprimer toutes les nombreuses images de sexes masculins sous la douche (source : secrets de tournage sur la page du film d'Allo Ciné).
La scène finale, inspirée du film de Jean Vigo, Zéro de conduite, donne des frissons tant elle est, violente et dramatique. Mais chut, je n'en dis pas plus !
Le réalisateur dirige pour la toute première fois un acteur alors inconnu, qui sera repéré par Stanley Kubrick pour son futur film de dénonciation du régime britannique, Orange Mécanique.
Cet acteur, exceptionnel, c'est Malcolm McDowell. Il possède déjà dans If, son rictus moqueur, ses yeux clairs transperçant et son regard cynique et provocateur tout à fait uniques.
Lindsay Anderson emploiera deux autres fois celui qui deviendra son acteur fétiche, dans les deux volets suivants de sa trilogie : Le Meilleur des mondes possibles (1973) et Britannia Hospital (1982).
Si je n’attribue que 7 à ce film c'est que, même si la critique du système est excellente, j'ai trouvé que les personnages ne sont pas assez fouillés. J'en attendais plus, je suis restée un peu sur ma faim ...