Dans un village calabrais des années 60, le monde moderne se distille via une télévision unique, que tous les habitants regardent sagement sur la grande place.
On y voit le présentateur qui monte les étages d'une tour nouvelle, nous présente à travers la vitre le directeur financier, le président, et annonce de futurs travaux pour agrandir la tour.
Loin de cette agitation, le village vit sa vie de façon immuable, avec son berger, ses vaches, et ses magnifiques collines vertes et roccailleuses.
De jeunes spéléologues s'y retrouvent pour explorer l'une des grottes les plus profondes du monde.
Discrets, ils parcourent le village sans rien déranger, s'amusent un peu avec les enfants.
Ils entament la descente doucement, avec peu de moyens et technologie : des lampes torches, un magazine, une échelle, un harnais. Là où le présentateur montait à toute vitesse la tour, nous abreuvant de mots, les spéléologues descendent pas à pas la grotte. Une action lente, mais une action tout de même. Sans parole, avec des cris, comme communiquent les bêtes, les spéléologues s'entraident et se font avancer. Tout est mesuré dans leur action, et ils pensent d'ailleurs bien à prendre les mesures de chaque cavité.
Ayant trouvé le fond, les spéléologues remontent. Ils ont fini leur mission, et repartent comme ils sont venus. Dans le village, la vie continue : le berger meurt. Lui non plus ne dérange rien, c'est d'ailleurs un événement mineur au regard du paysage millénaire dans lequel est niché son village.
Le cinéaste efface les hommes devant la nature, et célèbre la soif de savoir pur de ces spéléologues, qui ne cherchent pas à bâtir et transformer le monde, mais simplement à l'explorer et le comprendre, sans jamais le déranger.